Les temps forts de la semaine dernière
- Relevant ses prévisions de croissance et réduisant ses prévisions d'inflation lors du dernier comité de l’année, la Fed a abaissé ses taux et renforcera ses achats d'obligations, tandis que Jerome Powell a insisté sur la hausse de la productivité suscitée par l’IA.
- En Suisse, la BNS a maintenu ses taux à 0 % et abaissé ses prévisions d'inflation à court terme. La banque centrale juge la politique monétaire actuelle appropriée et ne se dirige pas vers des taux négatifs.
- Les récents indicateurs américains reflètent un marché du travail en léger ralentissement, mais qui ne présente aucun signe évident d'affaiblissement significatif à venir.
- La production industrielle allemande a progressé plus qu’anticipé en octobre, ce qui confirme l’hypothèse selon laquelle l'économie se redressera pour renouer avec la croissance au dernier trimestre.
- En France, le Premier ministre Sébastien Lecornu a obtenu le vote du budget de la sécurité sociale, première étape dans le processus d’adoption d’un budget global.
Et ensuite ?
- Les investisseurs soucieux de l’évolution des données ne seront pas oubliés à l'approche de Noël, avec un calendrier chargé d’indicateurs américains incluant le rapport sur l'emploi retardé et les chiffres clés de l'inflation.
- Au niveau mondial, les PMI préliminaires reflèteront l’activité dans le secteur manufacturier et les services, ce qui donnera le ton pour la fin de l'année.
- Nous surveillerons également l’Asie, notamment les indicateurs d'activité chinois et les chiffres de l'inflation au Japon.
- Sur le front de la politique monétaire, les décisions de plusieurs grandes banques centrales – BCE, BoE et BoJ – seront au centre de l’attention.
Nos convictions
Scénario de base
- Visibilité rétablie. Le brouillard se dissipe. Les marchés mondiaux bénéficient d’une visibilité inédite depuis janvier : la croissance dépasse les prévisions, l’inflation s’avère plus modérée qu’attendu et le contexte politique est plutôt favorable. Après des semaines de données confuses et de sentiment hésitant, le recul de la volatilité et la résistance de l’économie soutiennent la confiance sur les marchés.
- Petits pas de la Fed. Après deux baisses des taux consécutives en septembre et octobre, la Réserve fédérale américaine revient à une approche conditionnelle. Cela se traduit par une divergence des politiques, alors que la BCE est « bien positionnée » et que la Banque du Japon se prépare à resserrer sa politique monétaire – une normalisation plus qu'une menace.
- Amélioration des conditions financières. Les liquidités sont abondantes, le crédit reste stable et les rendements réels sont positifs mais gérables. Une croissance proche de 2 % aux États-Unis et 1 % en Europe semble confirmer notre scénario d'atterrissage en douceur. L'inflation américaine devrait culminer à 3,75 % avant de refluer en 2026.
- Équilibre régional. L'Europe bénéficie d'un important soutien budgétaire et de PMI désormais en territoire expansionniste, tandis que la trêve commerciale avec les États-Unis laisse à la Chine le temps de s'ajuster. Les marchés émergents, favorisés par un portage élevé et un dollar faible, attirent de nouveau les capitaux. La divergence, autrefois redoutée, est désormais le signe d'un équilibre.
- Valorisations élevées, mais justifiées. Les marchés boursiers affichent des multiples élevés, notamment dans la technologie aux États-Unis, mais les bilans sont solides et la dynamique des bénéfices demeure positive.
Risques
- Hésitation de la Fed. Les divisions pourraient freiner l'assouplissement monétaire, synonyme de pause inopportune dans la fourniture de liquidités.
- Crédibilité budgétaire. La hausse des volumes d’émission et les tensions politiques pourraient inquiéter les marchés obligataires et accroître la volatilité des rendements.
- Politique européenne. Les risques de cohésion persistent, les difficultés budgétaires de la France restant un point noir ; les tensions politiques risquent de miner la confiance.
- Fragmentation géopolitique. La rivalité sino-américaine reste vive, tandis que la réorganisation de l'offre d’énergie et des flux commerciaux internationaux se poursuit.
Strategie cross asset et positionnement du portefeuille
- Nous conservons une opinion positive sur les actions mondiales à moyen terme :
- Notre surpondération globale s’appuie toujours sur de bonnes perspectives dans toutes les régions.
- Allocation régionale :
- États-Unis : légère surpondération. L’inflexion accommodante de la Fed au mois de septembre ouvre la voie à de nouvelles baisses de taux. La technologie américaine demeure une conviction fondamentale dans un contexte de croissance résiliente.
- Japon : légère surpondération. La visibilité sur le front commercial et l'allègement des droits de douane soutiennent les secteurs cycliques, en particulier les exportateurs. L'élection de Sanae Takaichi, symbole de réformes structurelles et de diversité dans le leadership, est considérée comme un pas important vers la disparition de la décote qui frappe les actions japonaises.
- Europe : légère surpondération. L’issue rassurante des négociations commerciales est un facteur positif et le budget expansionniste de l'Allemagne a été approuvé. La BCE privilégie le statu quo, mais reste flexible.
- Marchés émergents : légère surpondération. Les actions émergentes bénéficient de la trêve entre les États-Unis et la Chine jusqu'à l'an prochain, de la faiblesse du dollar et d'une meilleure visibilité en matière de commerce. La dette émergente, soutenue par des rendements attractifs et des coûts de financement plus faibles, demeure légèrement surpondérée.
- Allocation factorielle et sectorielle :
- Nous privilégions une stratégie « barbell » fondée sur des thèmes résilients tels que la technologie, l'IA et la santé, les difficultés concernant ce secteur étant désormais intégrées dans les cours.
- Nous avons maintenu l’exposition aux petites et moyennes capitalisations allemandes et américaines, qui devraient bénéficier de budgets expansionnistes et de la politique accommodante de la Fed.
- Emprunts d'État :
- Nous sommes optimistes sur la duration européenne « core », la politique stable de la BCE et les faibles anticipations d'inflation ancrant les rendements.
- Nous restons neutres sur les bons du Trésor américain, l'inflation induite par les droits de douane et les prises de position de la Fed ajoutant à la complexité.
- Crédit :
- Nous ciblons le segment investment grade européen, qui offre des spreads attractifs par rapport à son homologue américain.
- En raison de faibles spreads et de primes de risque minimes, le haut rendement offre un couple rendement/risque plus limité.
- Nous surpondérons la dette émergente en raison de rendements attrayants, d'une meilleure visibilité en matière de commerce et de la politique accommodante de la Fed.
- Actifs alternatifs :
- Soutenu par les achats massifs des banques centrales et l’intérêt des investisseurs particuliers, l'or reste surpondéré en tant que couverture contre les risques géopolitiques, la volatilité des taux réels et la faiblesse du dollar. Nous avons pris quelques bénéfices après l’envolée des dernières semaines.
- Le dollar demeure incontournable pour les marchés émergents et les métaux précieux.
- Nous conservons nos allocations aux stratégies alternatives pour assurer la stabilité et la diversification du portefeuille.
- Devises :
- Nous continuons à sous-pondérer le dollar, car l'assouplissement monétaire de la Fed et les pressions politiques pèsent sur la devise.
- Nous privilégions les devises défensives telles que le yen et détenons certaines devises de pays émergents affichant des fondamentaux solides.
Notre positionnement
Relevant ses prévisions de croissance et réduisant ses prévisions d'inflation, la Fed a abaissé ses taux comme attendu et renforcera ses achats d'obligations, tandis que Jerome Powell a insisté sur la hausse de la productivité suscitée par l’IA. Les actions ont salué ce scénario idéal : le S&P 500 a terminé la semaine à un niveau record et l'indice Russell 2000 des petites et moyennes capitalisations a atteint des sommets. Sur le marché obligataire, la courbe des taux américaine s'est nettement pentifiée et la hausse des rendements japonais a poussé le Bund allemand au-delà du seuil de 2,80 % pour la première fois depuis mars. Nous continuons à surpondérer les marchés actions, avec une allocation régionale équilibrée et un biais en faveur de l'Europe et des marchés émergents, qui combinent rattrapage cyclique et soutien structurel. Aux États-Unis, nous avons accru l’exposition aux petites et moyennes capitalisations et renforcé notre position dans le secteur financier. Nous privilégions les thèmes résilients tels que la technologie et l'IA, ainsi que la santé, et identifions un potentiel de rattrapage tiré par la politique budgétaire pour les moyennes capitalisations allemandes. Sur les marchés obligataires, nous privilégions toujours la dette émergente (rendements attractifs, allègement des droits de douane et amélioration des flux) et restons optimistes sur la duration européenne « core », en préférant le segment européen investment grade au haut rendement.