Les temps forts de la semaine dernière
- Malgré la persistance de points de désaccord, le sommet sino-américain a débouché sur une trêve commerciale d'un an – il reste à savoir si elle sera respectée.
 - Les banques centrales ont adopté des positions divergentes : la Fed et la Banque du Canada ont baissé leurs taux de 25 pb, tandis que la BCE et la Banque du Japon ont maintenu leur politique inchangée. La Fed a en outre confirmé la fin du resserrement quantitatif à compter du 1er décembre.
 - Désormais dans sa cinquième semaine, la paralysie de l’administration US est la deuxième plus longue de l'histoire des États-Unis.
 - En zone euro, le PIB du troisième trimestre s’est avéré meilleur qu’attendu, malgré une nette divergence entre l'Espagne et la France (solides) et l'Allemagne et l'Italie (faibles). En données préliminaires, l'inflation des prix à la consommation a reculé à 2,1 % en glissement annuel.
 - Cette semaine agitée a culminé avec la publication des résultats du troisième trimestre aux États-Unis : Alphabet, Microsoft, Meta, Apple et Amazon ont dévoilé des résultats solides et des plans d'investissement ambitieux pour l'an prochain.
 
Et ensuite ?
- Au début d’un trimestre qui est souvent la meilleure période de l’année, les bourses sont restées sur une tendance haussière. En règle générale, la dynamique va en s’amplifiant : un mois d'octobre modeste, un mois de novembre plus animé et un mois de décembre qui détermine à quel point la période est exceptionnelle.
 - Les PMI mondiaux d’octobre fourniront des indications sur l'activité à l'approche de la fin de l'année. Les investisseurs dépendants des données surveilleront particulièrement la politique monétaire en Angleterre et en Australie.
 - La Cour suprême des États-Unis doit examiner la contestation des droits de douane imposés par l'administration Trump en vertu de l'International Emergency Economic Powers Act (IEEPA), mais ne rendra pas sa décision avant plusieurs mois.
 - Alors que 70 % de la capitalisation boursière du S&P 500 a publié ses résultats du troisième trimestre, l'attention se tourne désormais vers l'Europe. AstraZeneca, Novo Nordisk, Philips, BP, Orsted, Vestas, BMW, Ryanair et Telefonica seront au centre de l’attention cette semaine.
 
Nos convictions
Scénario de base
- États-Unis : la croissance du PIB devrait résister dans les 18 prochains mois ; la Fed et les marchés ne semblent guère préoccupés par les pressions inflationnistes dues aux droits de douane. Après deux baisses des taux depuis septembre, les marchés anticipent plusieurs mesures d'assouplissement monétaire d’ici la fin 2026.
 - Europe : la croissance reste menacée par la hausse des droits de douane américains et la faiblesse de la dynamique locale. Alors que le recul des anticipations d'inflation laisse une marge de manœuvre à la BCE, les rendements des Bunds se situent dans le bas de la fourchette observée au second semestre.
 - Chine : la visibilité sur le commerce s'améliore quelque peu au vu des récents chiffres de la balance commerciale, mais des tensions persistent. Les perspectives extérieures bénéficient d’un allègement des droits de douane, tandis que la politique intérieure reste accommodante (soutien au crédit et relance budgétaire).
 
Risques
- L’indépendance de la Fed à l’épreuve : les pressions exercées par Donald Trump sur la Fed, qui devraient persister jusqu’en 2026, annoncent une rupture avec les pratiques établies et une fonction de réaction davantage axée sur la politique. Cela risque de contribuer à pentifier la courbe des taux, renforcer les primes d'inflation, affaiblir le dollar et soutenir les revenus nominaux à court terme, pour finalement potentiellement déclencher une vente massive sur le marché obligataire… susceptible de nécessiter un retour de l’assouplissement quantitatif.
 - Instabilité politique en Europe : les dissensions et les risques liés aux mesures fiscales et budgétaires plombent la région. Les tensions politiques ont notamment refait surface en France.
 - Test de crédibilité du marché obligataire : une perte de confiance dans la discipline budgétaire pourrait doper les rendements à long terme, raviver la volatilité et déstabiliser les marchés boursiers et obligataires.
 - Fragmentation politique et géopolitique : tandis que le conflit en Ukraine menace la sécurité de l’Europe, la divergence des politiques monétaires et la montée du protectionnisme accentuent la fragmentation politique.
 
Strategie cross asset et positionnement du portefeuille
- Le cycle d’assouplissement monétaire de la Fed annonce un changement de régime, qui soutient les actions mondiales via la baisse des taux courts, la faiblesse du dollar et la dynamique reflationniste. Nous sommes positifs à l’égard des actions.
 - Actions mondiales :
- Notre surpondération globale s’appuie toujours sur de bonnes perspectives dans toutes les régions.
 
 - Allocation régionale :
- États-Unis : légère surpondération. L’inflexion accommodante de la Fed au mois de septembre ouvre la voie à de nouvelles baisses de taux. La technologie américaine demeure une conviction fondamentale dans un contexte de croissance résiliente. Alors que la saison des résultats était attendue comme un indicateur important, l'euphorie autour de l'intelligence artificielle ne montre aucun signe d'essoufflement.
 - Japon : légère surpondération. La visibilité sur le front commercial et l'allègement des droits de douane soutiennent les secteurs cycliques, en particulier les exportateurs. L'élection de Sanae Takaichi, symbole de réformes structurelles et de diversité dans le leadership, est considérée comme un pas important vers la disparition de la décote qui frappe les actions japonaises.
 - Europe : légère surpondération. L’issue rassurante des négociations commerciales est un facteur positif et le budget expansionniste de l'Allemagne a désormais été approuvé. La BCE a privilégié le statu quo mais reste flexible, la faiblesse de l’inflation lui permettant de conserver une marge de manœuvre.
 - Marchés émergents : légère surpondération. Les actions émergentes bénéficient la trêve entre les États-Unis et la Chine jusqu'à l'an prochain, de la faiblesse du dollar et d'une meilleure visibilité en matière de commerce. La dette émergente, soutenue par des rendements attractifs et des coûts de financement plus faibles, demeure légèrement surpondérée.
 
 - Allocation factorielle et sectorielle :
- Nous privilégions une stratégie « barbell » fondée sur des thèmes résilients tels que la technologie, l'IA et la santé, les difficultés concernant ce secteur étant désormais intégrées dans les cours.
 - Nous avons maintenu l’exposition aux petites et moyennes capitalisations allemandes et américaines, qui devraient bénéficier de budgets expansionnistes et de la politique accommodante de la Fed.
 
 - Emprunts d'État :
- Nous sommes optimistes sur la duration européenne « core », la politique stable de la BCE et les faibles anticipations d'inflation ancrant les rendements.
 - Nous restons neutres sur les bons du Trésor américain, l'inflation induite par les droits de douane et les prises de position de la Fed ajoutant à la complexité.
 
 - Crédit :
- Nous ciblons le segment investment grade européen, qui offre des spreads attractifs par rapport à son homologue américain.
 - En raison de faibles spreads et de primes de risque minimes, le haut rendement offre un couple rendement/risque plus limité.
 - Nous surpondérons la dette émergente en raison de rendements attrayants, d'une meilleure visibilité en matière de commerce et de la politique accommodante de la Fed.
 
 - Actifs alternatifs :
- Soutenu par les achats massifs des banques centrales et l’intérêt des investisseurs particuliers, l'or reste surpondéré en tant que couverture contre les risques géopolitiques, la volatilité des taux réels et la faiblesse du dollar. Nous avons pris quelques bénéfices après l’envolée des dernières semaines.
 - Le dollar demeure incontournable pour les marchés émergents et les métaux précieux.
 - Nous conservons nos allocations aux stratégies alternatives pour assurer la stabilité et la diversification du portefeuille.
 
 - Devises :
- Nous continuons à sous-pondérer le dollar, car l'assouplissement monétaire de la Fed et les pressions politiques pèsent sur la devise.
 - Nous privilégions les devises défensives telles que le yen et détenons certaines devises de pays émergents affichant des fondamentaux solides.
 
 
Notre positionnement
Sans surprise, les marchés ont bénéficié des résultats exceptionnels des « Magnificent Seven », d'un accord commercial entre les États-Unis et la Chine et d'une baisse des taux de la Fed. Nous sommes entrés dans les meilleures semaines de l'année en termes historiques, et le sentiment s'est amélioré après un mois d'octobre volatil. Nous conservons notre appétit pour le risque, car les fondamentaux et les facteurs techniques confirment des perspectives positives pour les actions, et la tendance haussière devrait dominer en fin d’année. En conséquence, nous continuons de surpondérer aussi bien les États-Unis, la zone euro et le Japon que les marchés émergents. Au niveau mondial, nous privilégions les thèmes résilients tels que la technologie et l'IA, ainsi que la santé. Nous ciblons en outre les moyennes capitalisations allemandes, qui bénéficieront d'un effet de rattrapage alimenté par les mesures de relance. Sur les marchés obligataires, notre stratégie inclut la dette émergente, qui bénéficie de rendements attractifs, d’un allègement des droits de douane et d’un renforcement des flux d'investissement. Nous sommes également positifs sur la duration européenne « core » et continuons, dans le domaine du crédit, à préférer le segment investment grade au haut rendement.