Avez-vous le sentiment que nous vivons, nous et nos investissements, une période d’incertitudes ? Grâce à ses flux de trésorerie programmés, la dette privée peut constituer, au sein de votre allocation d’actifs, un instrument prévisible et fiable.
Cet article a été rédigé en collaboration avec Carlos Vazquez, Investment Manager chez Kartesia
                Des rendements réels prévisibles
Incertitude sur les taux d'intérêt ? Incertitude sur l'inflation ? Réfléchissez aux caractéristiques des prêts privés. Produits (généralement) à taux variable, ils offrent une protection partielle contre l'inflation et face aux environnements de taux incertains - une particularité rare sur le crédit à long terme[1].
Ces prêts à taux variable sont le plus souvent indexés sur l'Euribor 3 mois, majoré d’une marge fixe relativement intéressante. Le taux est généralement révisé chaque trimestre, permettant aux investisseurs de rester en phase avec l'évolution du contexte économique. À comparer avec d'autres investissements obligataires à taux fixe. La plupart des FRN (obligations à taux variable) n'ont qu'une échéance de 2 à 5 ans, tandis que la plupart des « linkers » (obligations d'État indexées sur l'inflation) se réindexent sur l’indice de l’inflation et non sur les taux d'intérêt, autrement dit un mécanisme rétrospectif plus que prospectif. En outre, les coupons ne sont souvent versés que semestriellement ou annuellement. Et si votre portefeuille bénéficiait d’une allocation à un investissement pour lequel vous n’avez ni à prédire ni à couvrir le risque d’inflation future ?
La composition de votre portefeuille : l'attrait des rendements contractuels
Votre allocation d'investissement a vocation à combiner plusieurs classes d’actifs. Actions, crédit investment grade, crédit haut rendement, immobilier, liquidités et d’autres options peuvent y trouver leur place — mais il est intéressant de réserver une part à la dette privée.
La dette privée offre des flux de trésorerie prévisibles et contractuels. Pour apprécier le rôle de contrepoids qu'elle peut jouer dans votre allocation, comparez ses caractéristiques à celles d’autres classes d'actifs. Le capital-investissement, par exemple, a historiquement offert en moyenne des rendements intéressants, mais avec une prévisibilité limitée quant à leur niveau. Le montant et le calendrier des rendements, comme des flux de trésorerie, restent difficiles à anticiper et ne se matérialisent généralement qu’au moment des cessions d’actifs, à une date et à une valeur inconnues. Parmi les catégories d'actifs liquides ou négociés, les actions cotées peuvent être valorisées ou cédées, mais les flux de trésorerie sont limités à des dividendes de l’ordre de 2 % ou 3 %[2]. Les actionnaires connaissent la valeur aujourd'hui - chaque jour - mais nous ne savons pas quelle sera la valeur du marché actions à un date future donnée. Finalement : les rendements des actions offrent une faible prévisibilité et de faibles flux de trésorerie. Mais vous le saviez déjà...
La dette cotée en bourse offre des flux de trésorerie et des liquidités supplémentaires, mais avec un rendement plus faible. Elle n'offre pas non plus de possibilité d'ajustement à la hausse, car la plupart des obligations sont à taux fixe. Non seulement la dette privée offre une prime de liquidité,[3] , mais elle offre également une prévisibilité supplémentaire car les investisseurs sont plus proches des dirigeants de l'entreprise et ont davantage de contrôle et de visibilité sur les flux de trésorerie. Ne sous-estimez pas non plus l'intérêt, en période de tension, de détenir la tranche senior d’un crédit - une configuration plus fréquente en dette privée que pour dans d'autres segments du marché du crédit.
Un bon vieux crédit « à l'ancienne »
Le financement privé s’appuie généralement sur des principes fondamentaux éprouvés visant à protéger le prêteur, c’est à dire vous l’investisseur. Sur les marchés actuels, la plupart des obligations, prêts bancaires et autres formes de dette d'entreprise investissable sont des prêts bullet (remboursables in fine), sans remboursement intermédiaire de principal. Les flux étant concentrés en fin de période, ces structures rendent banques et investisseurs dépendants de la qualité de crédit de l’emprunteur à un instant donné — et potentiellement à la merci des conditions de marché à la date d’échéance du bullet.
Il y a bien longtemps, dans une galaxie très, très lointaine,[4] les prêteurs exigeaient généralement des clauses contractuelles pour protéger leurs intérêts, une pratique que la concurrence entre les banques et les souscripteurs a peu à peu érodée, mais qui subsiste dans les contrats de dette privée. Même les grandes entreprises émettaient des obligations assortis d’un fonds d’amortissement dans lequel une partie des titres en circulation était remboursée chaque année, réduisant ainsi le risque pour les investisseurs. Les prêts bancaires, eux aussi, étaient structurés avec des remboursements de principal échelonnés dans le temps, un autre anachronisme qui a disparu au fur et à mesure que les emprunteurs commençaient à prendre le dessus. Dans le cas de la dette privée, non seulement on trouve toujours des clauses restrictives, mais les gestionnaires de la dette privée surveillent généralement de très près les activités de l'emprunteur. Les clauses restrictives sont généralement adaptées aux risques réels de l'emprunteur et permettent souvent aux investisseurs d'intervenir dès les premiers signes de difficulté, réduisant la probabilité d'un retard de paiement.
Par définition, la dette privée est émise par des entreprises qui ne souhaitent pas ou ne peuvent pas accéder aux marchés publics de la dette ou susciter l'intérêt des banques. Les sociétés d'investissement en dette privée structurent les flux de trésorerie contractuels apportant une visibilité accrue tout au long de la durée de vie de l'investissement. Si ma banque veut voir un peu de capital à chaque échéance de mon prêt hypothécaire (alors même que les hypothèques soient des prêts garantis), ne devrais-je pas vouloir aussi un peu de prévisibilité à l'ancienne ?
                C'est l'économie, tout simplement !
Avec des coupons supérieurs à ceux de nombres autres segments de la dette et d'autres types d'investissement, les investisseurs en prêts privés réduisent leur exposition au risque plus rapidement que dans d'autres classes d'actifs. Prenez, l’exemple de paiements d'intérêts trimestriels à un taux de 8 % : cela représente sur 5 ans, l’équivalent de 40 % du capital déjà remboursé à l'investisseur. Rien à voir avec les actions (cotées ou non), de la dette de qualité, etc.
Grâce à des flux de trésorerie contractuels plus importants que dans d'autres formes d'investissement, les prêteurs privés conservent un lien étroit et la main en période de stress économique.
Flux de trésorerie contractuels, rendements résilients
La dette privée génère des flux de trésorerie réguliers et prévisibles, ce qui en fait une option fiable dans un contexte économiques incertain. Parmi les rares produits obligataires à taux variable, elle offre des rendements plus résilients face à l'inflation.
Actifs Non Cotés
[1] Les obligations à taux variable, un petit segment du crédit, présentent généralement des échéances de 2 à 5 ans.
[2] Le Stoxx 600 affiche un rendement de 2,6 % au 3 octobre 2025. Historiquement, il a été plus élevé.
[3] Il serait plus approprié de parler de prime d'illiquidité.
[4] Ceux qui ont vu Star Wars en 1977 s’en souviennent : obligations à fonds d’amortissement, avec remboursements intermédiaires du principal pour protéger le prêteur/l’investisseur.