Le Congrès, un frein ou un accélérateur pour le prochain président américain ?

Jamais le fossé qui sépare Républicains et Démocrates aux Etats-Unis n’a été aussi large et l’élection présidentielle qui se profile a toutes les chances d’accentuer encore la division du pays.

Mais au-delà du nom du prochain président qui sortira des urnes le 3 novembre 2020, la composition du Congrès aura un impact déterminant sur la politique que pourra mener son administration. En effet, un Congrès unifié (même majorité au Sénat et à la Chambre) permettra d’anticiper plus clairement la politique du nouveau gouvernement alors qu’un Congrès divisé (majorités différentes) présentera des risques d’incertitudes plus élevés.

Avec un Congrès unifié, les investisseurs pourront en effet se positionner plus rapidement sur les conséquences domestiques et internationales des programmes des candidats. Le nouveau gouvernement pourra aussi apporter une réponse plus tranchée et plus massive à la crise économique (même si Républicains et Démocrates n’ont pas le même plan de bataille pour la surmonter) et se donner toutes les chances de faire redémarrer la croissance. Plus globalement, la direction prise par le pays sera plus claire : une économie plus verte et davantage d’impôts avec le Démocrate Joe Biden et un regain des tensions, tant internes qu’externes, avec le Républicain Donald Trump.

Avec un Congrès divisé en revanche, le prochain président ne pourra mettre en œuvre qu’une partie de son programme. Le cas de figure potentiellement le plus négatif serait celui d’une victoire démocrate à la présidence avec un Congrès divisé car les Républicains pourraient alors s’opposer à une partie du programme économique de relance (hausse des dépenses financées par des hausses d’impôts). Si c’est Donald Trump qui devait être réélu par contre, un Congrès divisé pourrait avoir un aspect positif car ce contre-pouvoir constituerait un élément modérateur.

 

Si c’est Donald Trump qui l’emporte

Le programme électoral de Donald Trump étant quasi le même qu'en 2016, il poursuivra sa politique intérieure s’il est élu : baisses d’impôts, dérégulation, limitation de l’immigration et décisions favorables au secteur pétrolier ou de la santé en particulier.

Quant à sa politique extérieure, elle restera le principal sujet d’incertitudes tant le comportement du président américain s’est révélé imprévisible au cours de son premier mandat. Seule quasi certitude: toujours moins de multilatéralisme et une attitude stricte envers la Chine.

De quoi faire à nouveau souffrir les actions en Chine, dans les pays émergents et en Europe alors qu’aux Etats-Unis, ce sont les compagnies du secteur de l’énergie et de la santé qui devraient en profiter.

 

Si c’est Joe Biden

L’élection de Joe Biden sera plus déstabilisante pour le marché domestique américain que pour le reste du monde. Le soutien à l’économie sera très marqué mais s’appliquera différemment : hausses d’impôts, hausse du salaire minimum, investissements dans les infrastructures, prise en compte du climat et d’un développement plus durable. Le mouvement de dérégulation dans le domaine de la santé devrait s’arrêter.

De leur côté, les relations extérieures américaines pourront retrouver un fonctionnement plus traditionnel, avec un retour du multilatéralisme et la reprise d’un dialogue économique et commercial avec l’Europe notamment.

Les grands gagnants de la Bourse d’une présidence Démocrate devraient être les secteurs liés aux infrastructures et aux transport, les énergies renouvelables et plus globalement les thématiques liées au développement durable. Les perdants : le secteur de la santé et l’énergie (pétrole et gaz).