L’hiver approche…

"Les banques centrales des pays développés vont-elles réussir leur pari de ramener l’inflation vers leur cible de 2 % d’ici fin 2024… sans provoquer de récession ? La Chine peut-elle encore éviter d’entrer en déflation ? Après quelques mois d’accalmie, la remontée des prix du pétrole et des prix agricoles ne risque-t-elle pas de compliquer encore la tâche des banques centrales ?"

 

Perspectives économiques : croissance faible 

La croissance mondiale se poursuit … à faible régime : la hausse attendue du PIB de 3 % en 2023 comme en 2024[1] est nettement inférieure aux 3,7 % observés en moyenne sur les années 2004-2019[2]. L’écart s’explique largement par un ralentissement dans les économies émergentes et en particulier en Chine.

 

En Chine, les forces déflationnistes seront difficiles à contrer

Les problèmes dans le secteur immobilier et une faible demande des ménages ont incité Pékin à prendre des mesures timides avec une réduction des exigences d’apport personnel pour l’achat d’un logement, l’accélération du refinancement pour les prêts hypothécaires existants, et une augmentation des déductions fiscales. Ces mesures pourraient ne pas suffire à relancer l’activité.

 

Les Etats-Unis, en voie de réussir leur pari ?

La Réserve fédérale semble avoir trouvé le bon mix pour maîtriser l’inflation sans déclencher de récession. Ainsi, la croissance économique demeure solide avec une inflation passée en un an de 8,5 %[3] à guère plus de 3 % en juillet 2023. Toutefois, la Réserve fédérale devrait continuer maintenir son resserrement monétaire[4] jusqu’à la fin de l’année.

 

Zone euro : croissance à bas régime

En zone euro, la croissance reste faible et les enquêtes conjoncturelles suggèrent une contraction de l’activité au troisième trimestre. L’investissement des entreprises devrait ralentir, en parallèle les taux hypothécaires en hausse et le durcissement des conditions de crédit continuent d’exercer une pression sur les constructions de nouveaux logements. Toutefois, la consommation des ménages devrait accélérer un peu en début d’année prochaine si l’inflation continue de se détendre, mais la confiance des consommateurs reste faible, et la création d’emploi devrait être modéré.

 

Les marchés financiers : la bonne surprise aux Etats-Unis et les déceptions en Chine et Europe

D’un point de vue marchés, ce décalage entre bonnes surprises économiques aux Etats-Unis et déceptions en Chine et en Europe a eu un impact direct sur les performances des classes d’actifs. Les actions américaines affichent une performance de +17,6 % depuis le début de l’année alors que les actions européennes n’ont progressé que de 9,2 % et les actions émergentes de +4,1 %[5].

Les États-Unis ont bénéficié d’un environnement favorable, avec une croissance économique plus forte que prévue et une inflation en décélération constante, ce qui a naturellement soutenu les actions américaines.

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Les marchés et le risque asymétrique pour les actions

Le sentiment de marché s'est fortement amélioré depuis le début de l'année. Les investisseurs étaient initialement prudents, mais les excès de pessimisme se sont normalisés, en particulier aux États-Unis. Le marché est actuellement en zone "neutre" en ce qui concerne les actions, mais les risques semblent désormais plus asymétriques à la baisse, justifiant notre approche prudente.

Les actions américaines pourraient continuer à bénéficier du contexte favorable actuel, bien que nous anticipons néanmoins un ralentissement de la croissance économique en 2024, avec une inflation plus faible qui devrait peser sur la croissance des bénéfices des entreprises.

En Europe, la situation est assez différente. Les valorisations des actions sont plus attrayantes, mais une amélioration des perspectives économiques est nécessaire en 2024 pour augmenter notre allocation sur les actions européennes. Les marchés émergents, à l'exception de la Chine, offrent une meilleure dynamique de croissance, soutenue par un assouplissement monétaire.


Style d’investissement et opportunités


En termes de style, nous favorisons les secteurs défensifs[6] - notamment en Europe, qui performent mieux dans cette phase de ralentissement économique. Nous surpondérons également les thématiques de long terme telles que la transition énergétique et l’automatisation. Les valeurs correspondant à ces thèmes devraient être moins impactées par les cycles économiques et bénéficier des enjeux géopolitiques structurels autour de la diminution de nos impacts environnementaux, du développement de l’intelligence artificielle ainsi que de la nécessité de rapatrier certaines activités qui participent à la souveraineté des Etats.

Malgré des indicateurs d’activité qui montrent une décélération de l’économie, notamment dans le secteur manufacturier, les valeurs cycliques[7] ont surperformé les valeurs défensives, anticipant une réaccélération de l’activité, ce qui n’est pas notre scenario central.

En parallèle, il nous apparaît que les valeurs défensives et de qualité sont plus à même de faire face à un cycle de ralentissement associé à une inflation persistante ; dans un tel scenario leur pouvoir de détermination des prix sera primordial.

 

Une allocation sur les obligations qui apportent rendement et protection

Nous considérons que les obligations d’états des pays développés sont attrayantes avec une augmentation progressive de la duration[8] du portefeuille, compte tenu de la diversification et de la protection qu’apporte cette classe d’actif. Nous sommes proches de la fin du cycle de resserrement monétaire, avec un discours néanmoins toujours très prudent des banques centrales.

Les taux courts devraient rester à des niveaux assez élevés tant que les banques centrales n’auront pas la certitude que la décélération de l’inflation est pérenne. Les taux longs devraient quant à eux se stabiliser avec une inflation sous contrôle et une croissance en décélération.

A ce stage du cycle, nous privilégions aussi les obligations d'entreprises de qualité (Investment grade) demeurant également intéressantes malgré une compression des spreads[9] en 2023. Le crédit à haut rendement suscite plus de prudence.

Avec une croissance faible mais positive, évitant la récession des deux côtés de l’atlantique ainsi qu’une inflation sous-jacente ne se détendant que graduellement, les banques centrales ne pourront pas se permettre de détendre les conditions financières d’ici la fin d’année.

Les marchés financiers intègrent déjà un scenario positif d’atterrissage économique en douceur justifiant les bonnes performances depuis le début de l’année. Les surprises positives ayant été en grande partie intégrées, les marges de manœuvre pour une nouvelle appréciation des marchés actions paraissent limitées justifiant une certaine prudence sur les actifs risqués.

Nous préférons nous positionner sur les actifs de portage les plus à même de bénéficier du cycle actuel tels que les obligations d’état des pays développés ainsi que le crédit de haute qualité des entreprises européennes. Nous sommes prudents sur les actions et privilégions les actions émergentes au détriment des actions européennes.



Les performances passées, les simulations de performances passées et les prévisions de performances futures d’un instrument financier, d’un indice financier, d’une stratégie ou d’un service d’investissement ne sont pas des indicateurs fiables des performances futures. Les performances brutes peuvent être impactées par des commissions, frais et autres charges. Les performances exprimées dans une autre devise que celle du pays de résidence de l’investisseur subissent les fluctuations du taux de change, ce qui peut avoir un impact positif ou négatif sur les résultats. Si ce document fait référence à un traitement fiscal particulier, une telle information dépend de la situation individuelle de chaque investisseur et peut faire l’objet de modifications.

 

[1] Source : FMI
[2] Source : Candriam
[3] Juillet 2022
[4] Un relèvement des taux et la diminution des liquidités constituent une politique restrictive, ou de resserrement monétaire (en cas de forte inflation ou de surchauffe de l'économie).
[5] Données en euro au 12 septembre 2023 – source : Bloomberg
[6] Les secteurs dits défensifs sont moins sensibles à l’évolution l’économie et par conséquent plus solides en cas de dégradation des indicateurs macroéconomiques.
[7] Les valeurs cycliques, dont les performances sont corrélées aux cycles économiques de leurs secteurs d’activité.
[8] La duration d’une obligation, est la durée de vie moyenne de ses flux financiers pondérée par leur valeur actualisée. Plus la duration est élevée, plus le risque est grand.
[9] Ecart entre le rendement des obligations investment grade et celui d’une obligation non risquée