Les temps forts de la semaine dernière
- Si la date butoir des négociations a été reportée au 1eraoût, les droits de douane restent orientés à la hausse, puisque les produits canadiens non couverts par l'ACEUM seront désormais taxés à hauteur de 35 %.
- Lors du sommet « Made for Germany » prévu en juillet, une trentaine de grands groupes allemands devraient annoncer 300 milliards d'euros d'investissements sur trois ans.
- Le compte rendu du FOMC a révélé des divisions sur le calendrier de la baisse des taux, certains membres plaidant pour une action rapide. Les craintes inflationnistes, notamment liées aux droits de douane, retardent l’émergence d’un consensus.
- La limitation des hausses de production de l'OPEP+ au-delà de cet été, la faiblesse de la production pétrolière américaine, les tensions en mer Rouge et l'annonce par Donald Trump de droits de douane sur le cuivre ont dopé les cours des matières premières.
- La Banque centrale australienne a surpris en maintenant ses taux inchangés à 3,85 %, alors que le marché anticipait un assouplissement monétaire.
Et ensuite ?
- L'inflation sera au centre de l’attention, avec la publication d’indicateurs clés aux États-Unis, au Royaume-Uni, au Canada et au Japon. Les chiffres de l'inflation américaine devraient refléter une hausse en juin.
- Nous surveillerons les données sur la croissance économique, en particulier aux États-Unis (ventes de détail et production industrielle), mais aussi en Chine (PIB et dynamisme de l’activité).
- Les grandes banques donneront le coup d’envoi de la saison des résultats aux États-Unis, suivies par d'autres institutions financières et d’importants fabricants de semi-conducteurs comme ASML et TSMC.
- La géopolitique et les déclarations des banques centrales influenceront les marchés, puisque nous attendons le rapport économique de la Fed, les réunions des responsables financiers du G20 et la « déclaration majeure sur la Russie » du président Trump.
Nos convictions
Scénario de base
- États-Unis : les données d’activité se détériorent et la dynamique de croissance s'essouffle, laissant présager un ralentissement au second semestre. L'inflation ne désarme pas et pourrait accélérer vers le niveau de 4 % en fin d'année, repoussant à 2027 le retour à l'objectif de 2 %. Alors que l'administration Trump applique son programme en profitant de la faiblesse du dollar et du recul des cours du pétrole, la hausse des droits de douane et les effets de redistribution envoient des signaux mitigés.
- Zone euro : la croissance montre de timides signes de reprise, mais la région reste vulnérable aux chocs extérieurs, et plus particulièrement à l'impact imminent des droits de douane américains. L'inflation a retrouvé un niveau neutre, de sorte que la BCE dispose d’une marge de manœuvre pour assouplir sa politique si nécessaire. La récession devrait être évitée, mais le risque d’un ralentissement persiste.
- Chine : la croissance s’avère décevante mais relativement stable, même si les pressions déflationnistes continuant de miner la confiance. Un accord commercial avec les États-Unis est attendu d'ici août, mais la faiblesse de la demande et la persistance de défis structurels fragilisent l’économie domestique. Les autorités disposent néanmoins d’outils monétaires et budgétaires permettant d’empêcher toute nouvelle détérioration.
- La croissance mondiale ralentit sur fond de dynamiques inflationnistes divergentes : déflation en Chine, stabilité en Europe et inflation tenace aux États-Unis. L'évolution de la situation dépendra notamment des choix politiques des États-Unis et de l’issue des négociations tarifaires. Dans un contexte de forte incertitude et de multiplicité des scénarios macroéconomiques, les prévisions ont vocation à être révisées fréquemment.
Risques
- Politique commerciale et budgétaire américaine : bien que la hausse des droits de douane ait été temporairement reportée, l’ampleur et la mise en œuvre des mesures envisagées demeurent entourées d’incertitude. Le programme flou de l'administration Trump, incluant un projet de loi sur la redistribution et la hausse des recettes douanières, continue de déstabiliser des secteurs tels que la pharmacie et les métaux de base. Tout revirement politique avant la fin de la suspension des droits de douane aura un impact sensible sur le sentiment de marché.
- Fragilité de la croissance et confusion autour des données : les signaux économiques sont mitigés, les données d’enquêtes restant faibles tandis que les données d’activité se dégradent. L'écart entre le sentiment et la réalité se réduit de manière inquiétante. Au sein des grandes économies, les indicateurs prospectifs reculent sans s'effondrer et le risque de sous-estimer le ralentissement s'accroît.
- Tensions géopolitiques et fragmentation des politiques : les conflits armés en Ukraine et au Moyen-Orient continuent de peser sur les marchés de l’énergie et la sécurité internationale. Parallèlement, les divergences entre les banques centrales et la montée du protectionnisme accentuent la fragmentation des politiques. En Chine, les pressions déflationnistes reflètent des problèmes structurels profonds, tandis qu'en Europe, l'impact des droits de douane américains risque de faire dérailler une dynamique de croissance déjà fragile.
Strategie cross asset et positionnement du portefeuille
- Avec l'apaisement des craintes de récession (malgré l'incertitude commerciale), le retour du leadership technologique américain et l’adoption par le Congrès du « One Big, Beautiful Bill Act » du président Trump, les marchés financiers ont le vent en poupe.
- Actions mondiales :
- Notre position prudemment optimiste reste mesurée, car la résurgence des tensions commerciales et les hausses tarifaires, désormais attendues début août, menacent la croissance mondiale et les marges des entreprises. Par conséquent, notre positionnement demeure globalement neutre, sans préférence régionale significative.
- Allocation régionale :
- Alors que le Nasdaq vient de franchir un seuil important et que les géants de la technologie reviennent en force avant la saison des résultats du deuxième trimestre, nous avons accru l’exposition à la technologie américaine.
- Particulièrement exposés aux tensions commerciales et aux droits de douane, l'Europe et les marchés émergents pourraient être soutenus par des valorisations plus attractives et des mesures budgétaires plus énergiques.
- Allocation factorielle et sectorielle :
- Tandis que les tensions commerciales menacent la pharmacie et les semi-conducteurs, nous privilégions les thèmes résilients : technologie, IA, industrie européenne et moyennes capitalisations allemandes.
- Emprunts d'État :
- Nous sommes plutôt positifs à l’égard de la duration en Europe, le soutien de la BCE et les mesures de relance contribuant à stabiliser les rendements.
- La Fed dispose désormais d’un répit lui permettant de maintenir ses taux inchangés et de se concentrer sur l'évolution de l'inflation : nous sommes neutres sur les bons du Trésor américain.
- Crédit :
- En matière de crédit, nous ciblons les titres investment grade – notamment en Europe – pour leurs fondamentaux solides, tout en restant prudents sur le haut rendement compte tenu du resserrement des spreads.
- La dette émergente bénéficie de rendements réels positifs et de la faiblesse du dollar.
- Les stratégies alternatives jouent un rôle de diversification crucial :
- L'or reste surpondéré en tant que couverture stratégique contre les risques géopolitiques et la volatilité des taux réels. La demande est soutenue par les achats des banques centrales et des investisseurs particuliers.
- Nous maintenons une allocation aux actifs alternatifs pour renforcer la stabilité et la diversification du portefeuille hors des classes d’actifs traditionnelles.
- Les taux de change resteront incontournables dans les négociations commerciales et la dynamique générale des marchés :
- Nous surpondérons les devises défensives (comme le yen) et tablons sur un affaiblissement du dollar à mesure que la croissance ralentit.
Notre positionnement
Alors que les mesures de relance aux États-Unis compensent les inquiétudes à plus long terme vis-à-vis des valorisations, nous conservons une position neutre et une allocation régionale flexible sur les actions. En ce qui concerne les emprunts d'État, nous sommes légèrement longs sur la duration européenne, la pentification des courbes de taux et le soutien des politiques monétaires offrant une rémunération du risque attrayante. Dans le domaine du crédit, nous surpondérons quelque peu le segment investment grade européen, sous-pondérons le haut rendement et renforçons le poids de la dette émergente à des fins de diversification. Les actifs alternatifs renforcent la stabilité du portefeuille, les métaux précieux conservant leur rôle de couverture stratégique dans un contexte de faiblesse du dollar et de risques asymétriques persistants. Ce positionnement équilibré reflète notre conviction : la diversification et la flexibilité sont essentielles à l'approche de la saison des résultats et de la phase finale des négociations commerciales avec les États-Unis. Place aux catalyseurs de l’été !