Les temps forts de la semaine dernière
- Lael Brainard, gouverneure de la Fed, a laissé entendre que la banque centrale américaine pourrait commencer à réduire son bilan « à un rythme rapide », dès le mois de mai. Cette annonce a provoqué une forte hausse des rendements obligataires.
- Certaines données de l’ISM sur le secteur manufacturier américain (comme la différence entre les nouvelles commandes et les stocks) sont devenues négatives pour la première fois depuis l’éclatement de la pandémie.
- Pour la quatrième semaine consécutive, l’important centre financier de Shanghai est aux prises avec une nouvelle vague d’infections au coronavirus. En Chine, l’indice PMI des services Caixin a surpris à la baisse, chutant de 8,1 points à 42,0.
- L’Union européenne a formellement adopté son cinquième train de sanctions contre la Russie. Les mesures incluent l’interdiction d’importer du charbon, du bois, des produits chimiques et d’autres produits. Ces sanctions entreront pleinement en vigueur au mois d’août.
Et ensuite ?
- La volonté du président français Emmanuel Macron d’effectuer un second mandat est mise à mal par la popularité de Marine Le Pen au sein de la septième économie mondiale. Comme le prévoyaient les sondages, elle passe le premier tour.
- La Banque centrale européenne tiendra sa réunion mensuelle. L’institution a déjà ouvert la porte à une normalisation de sa politique. Un recalibrage de son programme d’achats devrait lancer le processus.
- Les CPI et PPI de mars seront publiés aux États-Unis. Ce seront les derniers indicateurs avant la réunion de la Fed de ce mois-ci.
- Certaines données concernant l’activité économique sont également attendues : l’indicateur de sentiment de l’université du Michigan et l’enquête ZEW en Allemagne. Enfin, nous assisterons au début de la saison des résultats du premier trimestre.
Nos convictions
Scénario de base
- En zone euro, les aides publiques et l’épargne accumulée durant la pandémie pourraient amortir l’érosion du pouvoir d’achat des ménages et permettre au PIB de croître de 2,9 % en 2022. Une réduction des livraisons de gaz naturel en provenance de Russie représenterait toutefois un risque baissier majeur pour la croissance.
- La Fed a entamé un nouveau cycle de hausse des taux en mars. Elle accélérera son resserrement monétaire cette année et le poursuivra en 2023. Notre scénario central — le meilleur des cas — prévoit un atterrissage en douceur de l’économie. La hausse des taux américains à dix ans devrait désormais connaître une accalmie.
- En Europe, l’inflation enregistre une forte accélération, frappant à la fois les entreprises, les consommateurs et les autorités monétaires. La BCE a mis un terme à son Programme d’achat d’urgence en cas de pandémie et annoncé qu’elle cesserait d’acheter des obligations dès cet été. Cela ouvre la voie à une hausse des taux d’intérêt.
Risques
- La guerre entre la Russie et l'Ukraine dope les prix des matières premières – notamment du pétrole et du gaz – et se traduit par une incertitude accrue sur les marchés.
- Comme le montre l’exemple de la Chine, la propagation de la Covid-19 et de ses variants souligne le risque d’une trajectoire de « stop and go » pour les restrictions économiques.
- Les tensions géopolitiques ont un impact important sur l’offre et pourraient peser sur l’activité et la croissance des bénéfices des entreprises.
- De la même manière, un resserrement brutal et plus rapide que prévu des taux d’intérêt – si les pressions inflationnistes augmentent et/ou persistent au niveau actuel – pourrait menacer la reprise.
Modifications récentes au sein de notre stratégie d'allocations d'actifs
La sortie de la pandémie, l’entrée en guerre et le resserrement des politiques monétaires au niveau mondial agissent comme un formidable accélérateur du cycle économique. Alors que l’environnement était difficile à évaluer en début d’année – la sortie de pandémie représentait un territoire inconnu –, le pic d’inflation semblait à portée de main. Les différents chocs enregistrés ces dernières semaines ont modifié et, dans une certaine mesure, clarifié les anticipations du marché : toutes les régions ne sont pas affectées de la même manière et l’Europe semble la plus vulnérable. Notre stratégie multi-actifs doit dès lors s’adapter. Nous avons renforcé la duration des obligations, après avoir réduit notre exposition aux actions pour adopter une approche plus équilibrée début février.
Stratégie cross asset et positionnement du portefeuille
- Notre stratégie multi-actifs a commencé à prendre en compte l’accélération vers la fin du cycle : nous avons réduit notre exposition aux actions début février et resterons globalement neutres, avec quelques nuances :
- Neutralité sur les actions et exposition aux matières premières, y compris l’or.
- Sous-pondération des actions américaines, car nous considérons que les valorisations des valeurs de croissance sont menacées dans un contexte de hausse des taux et de l’inflation.
- Surpondération des marchés émergents, notamment via la Chine (soutien des autorités) et l’Amérique latine (soutien apporté par la hausse des prix des matières premières).
- En ce qui concerne les marchés obligataires : dans un contexte d’essoufflement de la croissance, d’anticipations d’inflation élevées et de volonté de resserrement des banques centrales, l’allongement de la duration semble plus attrayant.
- Nous avons donc augmenté la duration d’une demi-année.
- Nous restons diversifiés en obligations indexées sur l’inflation et recherchons des opportunités de portage dans la dette émergente.
- Dans l’univers obligataire, notre stratégie s’adapte au contexte :
- Nous avons réduit la sous-pondération de la duration aux États-Unis et dans l'UE après la forte hausse des rendements obligataires observée ces dernières semaines.
- Nous avons également pris quelques bénéfices sur notre exposition à la dette chinoise.
- Nous conservons une diversification via les obligations indexées sur l'inflation et une source de portage via la dette émergente.
- Notre stratégie devises privilégie les monnaies liées aux matières premières.
- Nous avons pris quelques bénéfices sur la couronne norvégienne, et
- Nous avons initié une position longue sur le dollar canadien.
