Les temps forts de la semaine dernière
- Les bons résultats des grandes banques de Wall Street, portés par un rebond des activités de trading et de fusions-acquisitions, combinés à la solidité persistante des valeurs technologiques, ont soutenu les principaux marchés actions.
- Malgré une hausse de l'inflation en juin liée aux droits de douane, la solidité des ventes de détail, le recul des inscriptions au chômage et l'amélioration de la confiance des consommateurs témoignent de la résilience de l'économie américaine et confortent l’attentisme de la Fed.
- Le GENIUS Act, qui vise à renforcer le leadership américain dans les domaines de la finance numérique et des solutions de paiements innovantes, a été adoptée par le Sénat et la Chambre des représentants. Il ne manque plus que la signature présidentielle.
- En Chine, le PIB du deuxième trimestre a progressé de 5,2 %, dépassant les attentes malgré la faiblesse des ventes de détail et un marché immobilier toujours en difficulté. Le maintien des incertitudes commerciales et d’une demande intérieure atone devrait toutefois conduire les autorités à renforcer le soutien à l’activité au second semestre.
Et ensuite ?
- Les PMI préliminaires aux États-Unis, en zone euro, au Royaume-Uni et au Japon donneront une indication de la dynamique économique mondiale en juillet, tant dans l’industrie que dans les services. Ces données pourraient influencer, dans l’ensemble des régions concernées, les anticipations de politique monétaire comme l’appétit pour le risque.
- La réunion de la BCE, ainsi que les discours de Christine Lagarde et de Jerome Powell, seront scrutés de près pour des signaux sur l’orientation des politiques monétaires, alors que les marchés évaluent le ralentissement de la croissance face à une inflation persistante. Tout changement de ton aurait des répercussions sur les rendements obligataires et les devises.
- Au Japon, les élections générales de dimanche sont susceptibles d’introduire une incertitude politique ou, à l’opposé, de confirmer la continuité des politiques. En fonction du résultat, les marchés pourraient réévaluer la trajectoire du yen, en particulier si des implications budgétaires ou monétaires émergent.
- Les résultats du troisième trimestre de Tesla, Alphabet (Google), Coca-Cola et SAP donneront un aperçu des bénéfices et de la demande dans des secteurs clés. Dans un contexte marqué par l'inflation et les risques géopolitiques, les investisseurs suivront de près les marges et les prévisions des entreprises.
Nos convictions
Scénario de base
- États-Unis : les données d’activité se détériorent et la dynamique de croissance s'essouffle, laissant présager un ralentissement au second semestre. L'inflation ne désarme pas et pourrait accélérer vers le niveau de 4 % en fin d'année, repoussant à 2027 le retour à l'objectif de 2 %. Alors que l'administration Trump applique son programme en profitant de la faiblesse du dollar et du recul des cours du pétrole, la hausse des droits de douane et les effets de redistribution envoient des signaux mitigés.
- Zone euro : la croissance montre de timides signes de reprise, mais la région reste vulnérable aux chocs extérieurs, et plus particulièrement à l'impact imminent des droits de douane américains. L'inflation a retrouvé un niveau neutre, de sorte que la BCE dispose d’une marge de manœuvre pour assouplir sa politique si nécessaire. La récession devrait être évitée, mais le risque d’un ralentissement persiste.
- Chine : la croissance s’avère décevante mais relativement stable, même si les pressions déflationnistes continuant de miner la confiance. Un accord commercial avec les États-Unis est attendu d'ici août, mais la faiblesse de la demande et la persistance de défis structurels fragilisent l’économie domestique. Les autorités disposent néanmoins d’outils monétaires et budgétaires permettant d’empêcher toute nouvelle détérioration.
- La croissance mondiale ralentit sur fond de dynamiques inflationnistes divergentes : déflation en Chine, stabilité en Europe et inflation tenace aux États-Unis. L'évolution de la situation dépendra notamment des choix politiques des États-Unis et de l’issue des négociations tarifaires. Dans un contexte de forte incertitude et de multiplicité des scénarios macroéconomiques, les prévisions ont vocation à être révisées fréquemment.
Risques
- Politique commerciale et budgétaire américaine : bien que la hausse des droits de douane ait été temporairement reportée, l’ampleur et la mise en œuvre des mesures envisagées demeurent entourées d’incertitude. Le programme flou de l'administration Trump, incluant un projet de loi sur la redistribution et la hausse des recettes douanières, continue de déstabiliser des secteurs tels que la pharmacie et les métaux de base. Tout revirement politique avant la fin de la suspension des droits de douane aura un impact sensible sur le sentiment de marché.
- Fragilité de la croissance et confusion autour des données : les signaux économiques sont mitigés, les données d’enquêtes restant faibles tandis que les données d’activité se dégradent. L'écart entre le sentiment et la réalité se réduit de manière inquiétante. Au sein des grandes économies, les indicateurs prospectifs reculent sans s'effondrer et le risque de sous-estimer le ralentissement s'accroît.
- Tensions géopolitiques et fragmentation des politiques : les conflits armés en Ukraine et au Moyen-Orient continuent de peser sur les marchés de l’énergie et la sécurité internationale. Parallèlement, les divergences entre les banques centrales et la montée du protectionnisme accentuent la fragmentation des politiques. En Chine, les pressions déflationnistes reflètent des problèmes structurels profonds, tandis qu'en Europe, l'impact des droits de douane américains risque de faire dérailler une dynamique de croissance déjà fragile.
Strategie cross asset et positionnement du portefeuille
- Avec l'apaisement des craintes de récession (malgré l'incertitude commerciale), le retour du leadership technologique américain et l’adoption par le Congrès du « One Big, Beautiful Bill Act » du président Trump, les marchés financiers ont le vent en poupe.
- Actions mondiales :
- Notre position prudemment optimiste reste mesurée, car la résurgence des tensions commerciales et les hausses tarifaires, désormais attendues début août, menacent la croissance mondiale et les marges des entreprises. Par conséquent, notre positionnement demeure globalement neutre, sans préférence régionale significative.
- Allocation régionale :
- Alors que le Nasdaq vient de franchir un seuil important et que les géants de la technologie reviennent en force avant la saison des résultats du deuxième trimestre, nous avons accru l’exposition à la technologie américaine.
- Particulièrement exposés aux tensions commerciales et aux droits de douane, l'Europe et les marchés émergents pourraient être soutenus par des valorisations plus attractives et des mesures budgétaires plus énergiques.
- Allocation factorielle et sectorielle :
- Tandis que les tensions commerciales menacent la pharmacie et les semi-conducteurs, nous privilégions les thèmes résilients : technologie, IA, industrie européenne et moyennes capitalisations allemandes.
- Emprunts d'État :
- Nous sommes plutôt positifs à l’égard de la duration en Europe, le soutien de la BCE et les mesures de relance contribuant à stabiliser les rendements.
- La Fed dispose désormais d’un répit lui permettant de maintenir ses taux inchangés et de se concentrer sur l'évolution de l'inflation : nous sommes neutres sur les bons du Trésor américain.
- Crédit :
- En matière de crédit, nous ciblons les titres investment grade – notamment en Europe – pour leurs fondamentaux solides, tout en restant prudents sur le haut rendement compte tenu du resserrement des spreads.
- La dette émergente bénéficie de rendements réels positifs et de la faiblesse du dollar.
- Les stratégies alternatives jouent un rôle de diversification crucial :
- L'or reste surpondéré en tant que couverture stratégique contre les risques géopolitiques et la volatilité des taux réels. La demande est soutenue par les achats des banques centrales et des investisseurs particuliers.
- Nous maintenons une allocation aux actifs alternatifs pour renforcer la stabilité et la diversification du portefeuille hors des classes d’actifs traditionnelles.
- Les taux de change resteront incontournables dans les négociations commerciales et la dynamique générale des marchés :
- Nous surpondérons les devises défensives (comme le yen) et tablons sur un affaiblissement du dollar à mesure que la croissance ralentit.
Notre positionnement
Alors que les mesures de relance aux États-Unis compensent les inquiétudes à plus long terme vis-à-vis des valorisations, nous conservons une position neutre et une allocation régionale flexible sur les actions. En ce qui concerne les emprunts d'État, nous sommes légèrement longs sur la duration européenne, la pentification des courbes de taux et le soutien des politiques monétaires offrant une rémunération du risque attrayante. Dans le domaine du crédit, nous surpondérons quelque peu le segment investment grade européen, sous-pondérons le haut rendement et renforçons le poids de la dette émergente à des fins de diversification. Les actifs alternatifs renforcent la stabilité du portefeuille, les métaux précieux conservant leur rôle de couverture stratégique dans un contexte de faiblesse du dollar et de risques asymétriques persistants. Ce positionnement équilibré reflète notre conviction : la diversification et la flexibilité sont essentielles à l'approche de la saison des résultats et de la phase finale des négociations commerciales avec les États-Unis. Place aux catalyseurs de l’été !