Personne ne veut se battre contre la Fed

202209-alt-fr.PNGAprès deux mois durant lesquels l’appétit pour le risque avait progressé, le marché a commencé à se replier à la mi-août, en raison des déclarations faites lors du symposium de Jackson Hole. Si le ton agressif de Jerome Powell a eu un fort impact sur les marchés, d’autres facteurs ont joué. Alors que l’hiver approche, les problèmes d’approvisionnement en énergie de l’Europe suscitent des inquiétudes pour la production industrielle, mais aussi pour les consommateurs, qui devront régler des factures record.

La plupart des indices boursiers ont reculé sur le mois, chutant de 5 à 9 %. Les indices européens ont sous-performé les autres indices régionaux en raison d’une crise de l’énergie particulièrement aiguë, tandis que la BCE pourrait se voir contrainte de relever ses taux de manière agressive malgré une situation économique difficile. Au niveau sectoriel, l’énergie, les services publics et les produits de base ont surperformé la technologie, l’industrie et la consommation discrétionnaire.

En écho à la détermination des banques centrales à lutter vigoureusement contre l’inflation, les rendements souverains et les spreads de crédit des obligations d’entreprise ont inversé une période de détente de deux mois pour retrouver des niveaux proches des sommets de juin dernier.

Les contrats à terme sur le pétrole et les métaux industriels ont baissé au cours du mois, poursuivant la tendance estivale et contribuant ainsi à la modération de l’inflation.

L’indice HFRX Global Hedge Fund EUR a affiché une performance de +0,81 % durant le mois.


Stratégies Long-Short Equity

Les performances des stratégies Long-Short Equity ont été dispersées au cours du mois, mais les indices qui suivent l’univers se sont inscrits en légère hausse sur la période. Il s’agit d’un résultat positif si l’on tient compte du fait que les marchés reculent depuis la mi-août. Bénéficiant des positions short de leurs portefeuilles, les gérants ont protégé le capital à travers un positionnement relativement défensif. En termes d’appétit pour le risque, les expositions brutes et nettes des stratégies Long-Short Equity se situent toujours dans le bas de leur fourchette moyenne. Les gérants restent globalement prudents et attendent des éclaircissements sur le front de l’environnement macroéconomique et des données plus complètes avant d’augmenter leur exposition au risque. La génération d’alpha est difficile depuis le début de l’année, mais des allocations bien diversifiées dans l’univers Long-Short Equity se sont traduites par de meilleurs résultats. Nous restons convaincus que les fonds ne sont pas prêts à accroître leur risque significativement, mais prendront des positions longues sélectives et renforceront leurs portefeuilles de positions short. À court terme, les stratégies Long-Short Equity efficaces devraient ainsi protéger le capital de leurs investisseurs en maintenant les expositions brutes et nettes dans le bas de la fourchette. Les difficultés s’accumulent pour les entreprises et le monde de l’après-Covid, de l’après-guerre et de l’après-QE sera probablement très différent de celui dans lequel nous avons vécu après la Crise financière mondiale. Tandis que la sélection sera essentielle, la perspective Long/Short procurera un net avantage par rapport aux solutions Long-Only Equity.

 

Stratégies Global Macro

Dans l’ensemble, les gestionnaires Global Macro ont enregistré de bonnes performances au cours du mois. Les stratégies les plus performantes sont liées à des gestionnaires qui n’ont pas profité de la reprise du début de l’été et ont anticipé une détérioration du sentiment du marché via des positions short sur les actions et les taux, ou des transactions sélectives sur les devises et les matières premières. Compte tenu de la vigueur des mouvements de marché, les stratégies discrétionnaires directionnelles et fondamentales ont eu tendance à surperformer les gestionnaires ayant une approche de valeur relative. Pour les stratégies Global Macro, l’univers des opportunités s’est amélioré et devrait rester attrayant dans un avenir proche. La Fed retire des liquidités du système et se montre déterminée à lutter contre l’inflation, même si cela doit fragiliser l’environnement économique. Les primes de risque sont globalement volatiles et les gérants Macro tirent parti de ces mouvements de marché. Nous continuons de privilégier les gérants discrétionnaires et opportunistes capables de mettre à profit leurs talents d’analyse et leur expérience pour générer des gains sur une sélection d’opportunités à travers le monde.

 

Stratégies Quant

Les gestionnaires quantitatifs ont généré, en moyenne, des performances positives au cours du mois. Les stratégies de suivi de tendance ont engrangé des gains importants sur les devises, les taux à court terme et les métaux précieux. Les modèles à moyen et long terme ont généralement fait mieux que les modèles à court terme, ces derniers ayant été plus sensibles à la volatilité observée depuis mai. Les approches quantitatives multi-stratégies ont continué à bien se comporter. Depuis le début de l'année, les stratégies quantitatives ont été d’excellents supports de diversification et figurent parmi les plus performantes de l'univers des fonds alternatifs.

 

 

Arbitrage de taux

Malgré sa rhétorique agressive sur fond d’inflation persistante, la Fed est toujours nettement en retard sur la courbe. La banque centrale américaine a réaffirmé sa volonté de lutter contre l’inflation et a propulsé le rendement du 10 ans au-dessus de la barre des 3 %, ce qui a déclenché fin août une nouvelle correction des marchés d’actions. La volatilité reste élevée en raison de mouvements de prix importants à l’intérieur de fourchettes larges, ce qui complique la tâche des gérants macro directionnels. Cependant, les gérants obligataires de valeur relative bénéficient encore d’opportunités attrayantes, tandis que les gérants directionnels acheteurs de volatilité ont bénéficié de leur convexité positive.

 

Marchés émergents

Les stratégies sur les marchés émergents ont souffert de deux événements idiosyncratiques majeurs – une guerre en Europe de l’Est et la politique « zéro Covid » en Chine –, mais aussi d’un sentiment d’aversion au risque généralisé. En revanche, la vigueur des prix des matières premières a suscité des opportunités en Amérique latine et parmi les pays exportateurs d’autres régions. Les performances ont été dispersées, en fonction des univers d’investissement ciblés par les gestionnaires. Peu de fonds spéculatifs couvrent l’ensemble des marchés émergents. Ils ont plutôt tendance à se spécialiser dans certaines régions particulières. Si cette stratégie offre certaines opportunités d’investissement, nous restons prudents à ce stade, car la baisse des prévisions de croissance et la hausse des taux d’intérêt sur les marchés développés constituent autant de signaux d’alerte pour le monde émergent.

 

Stratégies Risk Arbitrage – Event Driven

Les stratégies Event Driven ont enregistré des performances positives au cours du mois, bénéficiant de la conclusion d’opérations idiosyncratiques et du resserrement des spreads sur les stratégies d’arbitrage de fusions. Les volumes de transactions pour 2022 sont inférieurs au niveau de l’année dernière. Il s’agit d’une réaction normale des conseils d’administration dans une période de montée des incertitudes et de hausse des coûts de financement. Néanmoins, le marché recèle encore des opportunités, alors que des acquisitions stratégiques dans des secteurs tels que la santé, les jeux ou la technologie continuent d’être annoncées. Les spreads de transaction actuels sont importants et génèrent une opportunité de rendement à deux chiffres, ce qui est bien supérieur au rendement moyen à long terme de ce type de stratégie. Cependant, il n’y a pas de performance sans risque. On observe notamment des risques d’intervention réglementaire accrus, des entreprises essayant de se retirer d’une transaction ou des offres d’acquisition rejetées par un vote des actionnaires. La nervosité actuelle des marchés d’actions et de crédit exige une grande prudence pour investir dans des stratégies Event-Driven, en raison d’une probabilité plus élevée de rupture des transactions. En revanche, l’arbitrage de fusions constitue un outil intéressant, dont les échéances sont structurellement courtes et dont les spreads de transaction sont positivement corrélés à la hausse des taux d’intérêt.

 

Stratégies Distressed

L’actualité des faillites a été dominée par l'implosion des stratégies de fonds spéculatifs et d’intermédiaires financiers impliqués dans les actifs numériques. La chute spectaculaire de la valeur des crypto-monnaies a ainsi braqué les projecteurs sur un certain nombre de crypto-investisseurs et de crypto-prêteurs. Heureusement, cela ne concerne qu'une niche au sein de l'univers des fonds alternatifs. Actuellement, les taux de défaut des émetteurs souverains et des entreprises restent relativement faibles, mais l’élargissement rapide des spreads de crédit et la détérioration des fondamentaux entraîneront une hausse du nombre d’entreprises en difficulté. Les principaux gérants attendent de nouvelles dislocations avant de passer à l'offensive.

 

Crédit Long/Short & High Yield

Les gérants de crédit long/short ont obtenu de bons résultats par rapport aux fonds de crédit traditionnels. Leurs portefeuilles short et leurs positions de couverture ont permis d'atténuer l'impact de l'élargissement des spreads sur les positions longues. Si certains gérants ne sont guère optimistes, la sélection de titres est essentielle et il convient d’accorder une attention particulière aux niveaux d'endettement et aux covenants des émissions. Alors que les marchés anticipent une poursuite de la hausse des taux et un ralentissement de la croissance, les meilleurs gérants restent diversifiés, investissent dans des positions longues de qualité et se concentrent sur les secteurs qui ont un pouvoir de fixation des prix plus solide.

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