Chine : quel avenir pour le marché des actions de classe A ?

Les actions chinoises de classe A ont ouvert une voie qui permet aux investisseurs internationaux de participer au troisième marché actions mondial en termes de capitalisation boursière (après le New York Stock Exchange et le Nasdaq) avec un accès à environ 3 800 entreprises de grande, moyenne et petite capitalisation[1]. Les actions de classe A sont les actions émises par les entreprises basées en Chine continentale, cotées aux bourses de Shanghai (SSE) et de Shenzhen (SZSE), en RMB chinois.

Chart: A-Shares: the third largest equity market

Avant les actions de classe A, les investisseurs non-chinois pouvaient investir dans les actions de classe H. Celles-ci leur permettaient d’accéder uniquement aux actions cotées à Hong Kong émises principalement par des entreprises publiques ou privées de Chine continentale, comme China Mobile, China Construction Bank, Tencent et Xiaomi, ainsi que dans plusieurs ADR notoires cotés aux États-Unis et concernant environ 170 entreprises chinoises, dont Alibaba et JD.com. Les marchés locaux chinois permettent également d’investir dans les actions de classe B, moins actives, cotées aux bourses de Shanghai (SSE) et de Shenzhen (SZSE) en USD ou en HKD. Les actions de classe A offrent aux investisseurs de réels atouts en matière de diversification ; en effet, ce marché permet d’accéder à une large palette d’entreprises chinoises au profil plus domestique et dont la santé financière n’est pas tributaire des revenus générés à l’étranger. 

Depuis quelques années, les actions A chinoises sont ouvertes aux grands investisseurs institutionnels occidentaux à travers les programmes Qualified Foreign Institutional Investor (QFII) et Renminbi Qualified Foreign Institutional Investor (RQFII) et les systèmes Shanghai & Shenzhen-Hong Kong Stock Connect. Le volume de transactions moyen sur les actions de classe A cotées à Hong Kong (« Northbound ») a été multiplié par plus de 14, passant de 5,9 milliards HKD au 1er trimestre 2017 à 85 milliards HKD au 1er trimestre 2020 (source : bourses et chambres de compensation de Hong Kong 

à fin mars 2020). En juin 2019, la bourse de Shanghai (SSE) et le London Stock Exchange (LES) ont lancé le Shanghai-London Connect, une collaboration qui peut, à l’avenir, attirer de nouveaux flux étrangers vers les marchés d’actions chinoises.

Les indices mondiaux MSCI™ et FTSE™ ont commencé à intégrer des actions de classe A à compter de 2017. A titre d’illustration, en août 2020 les actions A représentaient 5,1 % de l’indice MSCI Emerging Markets (voir graphique 2). Cependant, avec l’augmentation du nombre d’entreprises émettrices d’actions A dans la composition des indices, ce pourcentage a vocation à se renforcer (voir graphique 3).

Chart: Composition of the MSCI EM index: August 2020 vs. May 2018Chart: MSCI Emerging Markets with 100% A-Shares inclusion

La Chine ne pèse que 5,6 % (Source: MSCI, 30 novembre 2020[2])de l’indice MSCI All Cap World, un chiffre qui selon-nous, sous-représente son poids dans l’économie mondiale. En effet, le PIB de la Chine représente 16,3 % du PIB mondial en 2019 (source : Banque Mondiale – 31 décembre 2019[3]).

Un marché pour les gérants actifs

Si les indices mondiaux ont commencé à intégrer les actions de classe A, les entreprises de Chine continentale n’ont pas à répondre aux mêmes normes de gouvernance strictes que celles cotées à la bourse de Hong Kong. Ce facteur, associé à une plus faible couverture par les analystes, en font un marché mieux adapté à la gestion active, et moins à la gestion indicielle, pour les investisseurs souhaitant se positionner avec succès sur ce segment.

Par ailleurs, d’autres caractéristiques propres au marché des actions A rendent ces dernières particulièrement intéressantes pour les stock pickers. Les investisseurs privés génèrent actuellement environ 80 % de la rotation sur le marché des actions A, qui est, par conséquent, un marché plutôt animé, affichant un niveau de volatilité supérieur à la moyenne. Or les inefficiences créées par cette volatilité sont intéressantes pour les stock pickers qui sont en mesure d’identifier et d’exploiter des opportunités d’investissement liées à la valorisation des titres.

Enfin, bien que l’État détienne environ un quart des industries, et contrôle et influe sur de nombreux aspects de la vie économique, si on le compare aux actions H cotées à Hong Kong, le marché des actions A, composé d’entreprises de Chine continentale, permet d’accéder à une sélection plus large d’entreprises privées dans les secteurs de l’informatique, de la technologie et des biens de consommation - les secteurs qui offrent, aujourd’hui, le plus grand nombre d’opportunités d’investissement.

Selon un article publié récemment par le Forum Economique Mondial, « la combinaison de chiffres 60/70/80/90 est fréquemment employée pour désigner la contribution du secteur privé à l’économie chinoise : il contribue à 60 % du PIB de la Chine, est responsable de 70 % de l’innovation et de 80 % de l’emploi urbain et il créé 90 % des nouveaux emplois. Le patrimoine privé est également responsable de 70 % des investissements et de 90 % des exportations[4]. »

Par ailleurs, en tant que pionniers de la gestion ESG, nous sommes heureux de voir que ces facteurs revêtent une importance croissante pour les entreprises chinoises. Cet intérêt est surtout marqué chez les grands leaders au sein de leurs secteurs, qui bénéficient d’investissements étrangers plus importants, même si de fortes marges d’amélioration persistent du côté des entreprises comme de la réglementation. L’importance accrue accordée aux facteurs ESG est directement liée aux objectifs de neutralité carbone pour 2060 définis lors des Accords de Paris, par le développement des énergies propres et des véhicules électriques qui en résulte, mais également par la récente annonce des mesures antitrust qui touchent le secteur de l’internet et du commerce électronique.

Nous sommes donc confiants dans l’avenir des actions de classe A, qui devraient continuer à se développer et offrir aux investisseurs internationaux un marché important et croissant ainsi qu’une réelle source de diversification et dont la qualité ne peut que s’améliorer. 

 


[1] Source : World Federation of Exchanges, mai 2020

[2] https://www.msci.com/documents/10199/8d97d244-4685-4200-a24c-3e2942e3adeb

[3] https://data.worldbank.org/indicator/NY.GDP.MKTP.CD?locations=CN-1W

[4] https://www.weforum.org/agenda/2019/05/why-chinas-state-owned-companies-still-have-a-key-role-to-play/

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