Actions européennes : les grandes capitalisations surperforment largement
Malgré des débuts hésitants, les marchés mondiaux ont terminé le premier mois de l’année sur une note positive. Les États-Unis ont nettement surperformé, mais les actions européennes ont également progressé. L’indice composite des directeurs d’achat s’est légèrement amélioré pour s’établir à 47,9 en janvier, mais reste sous la barre des 50 qui sépare croissance et contraction. Parallèlement, la Banque centrale européenne a annoncé le maintien de ses taux lors de sa réunion de janvier et réaffirmé que ce sont les données qui guident la prise de décisions monétaires. Il est peu probable qu’une baisse des taux intervienne en mars voire avant l’été.
En ce qui concerne les performances, des tendances en matière de style se sont nettement dégagées durant les quatre semaines ayant suivi le dernier comité. Les grandes capitalisations ont fortement surperformé les petites, alors que les taux d’intérêt à long terme s’orientent à la hausse depuis le début de l’année. Les rendements allemands à 10 ans ont gagné près de 30 pb pour s’établir à plus de 2,3 % début février.
Dans le même temps, les valeurs de croissance ont repris la tête du mouvement, tandis que les valeurs cycliques et défensives ont enregistré des résultats similaires.
D’un point de vue sectoriel, les technologies de l’information ont une nouvelle fois enregistré les meilleures performances, suivies par la consommation discrétionnaire et l’industrie. La consommation de base s’est également bien comportée et a surperformé le marché européen dans son ensemble.
Les matériaux, l’énergie et les services aux collectivités font en revanche partie des secteurs ayant enregistré les sous-performances les plus significatives. Le secteur des services aux collectivités a été pénalisé par la hausse des taux à long terme pendant les premières semaines de janvier.
Prévisions de bénéfices et valorisations
La saison des résultats du quatrième trimestre 2023 a commencé et les performances déclarées se révèlent nettement moins positives qu’aux États-Unis. Bien que, jusqu’à présent, seules 20 % des entreprises aient déclaré leurs résultats en Europe, on remarque que seulement 45 % d’entre elles ont dépassé les attentes en matière de bénéfices. Ces chiffres sont les plus mauvais depuis 2009 d’après le tracker de bénéfices de JP Morgan. La croissance des bénéfices au quatrième trimestre s’élève actuellement à -4 % en glissement annuel et les analystes continuent d’abaisser leurs prévisions de bénéfices.
Le consensus table sur une croissance de 4 % des bénéfices au cours des douze prochains mois. L’énergie et l’immobilier tirent notamment les prévisions de bénéfices vers le bas, tandis que les matériaux, l’industrie et la santé figurent parmi les secteurs qui devraient enregistrer les meilleures croissances de bénéfices au cours des douze prochains mois.
Même en tenant compte de cette croissance modérée des bénéfices, les actions européennes restent relativement attractives. De fait, le ratio cours-bénéfices à 12 mois se situe en dessous de 13, dans le bas de sa fourchette historique.
Aucun changement structurel
Dans ce contexte, nous n’avons apporté aucun changement structurel à notre allocation sectorielle. Une note positive demeure justifiée pour le secteur défensif de la santé (excellente visibilité, hausse de l’activité de fusions et acquisitions et valorisations attrayantes dans un contexte de ralentissement de la croissance économique). Par ailleurs, le secteur de la consommation de base (alimentation/boissons et produits ménagers/personnels) affiche des valorisations attractives et pourrait tirer parti de l’amélioration de la situation relative au GLP1 ainsi que de la stabilisation des taux d’intérêt à long terme.
Actions américaines : un début d’année 2024 solide
Malgré des débuts hésitants, les marchés américains ont terminé le premier mois de l’année sur une performance positive. Les investisseurs ont bien accueilli les données économiques satisfaisantes et ont assimilé les chiffres relatifs à la forte croissance économique ainsi que l’évolution des prévisions de baisse des taux par la Réserve fédérale.
Les entreprises en forte croissance surperforment
L’année a bien démarré et des tendances claires se sont dégagées en matière de style. Les grandes capitalisations ont nettement surperformé les petites en janvier, tandis que les valeurs de croissance ont surpassé les valeurs de rendement. D’un point de vue sectoriel, les valeurs cycliques et défensives ont enregistré des résultats similaires. Les technologies et les services de communication ont continué de tirer le marché vers le haut, tandis que le secteur plus défensif de la santé a surperformé le marché dans son ensemble. Les matériaux et les services aux collectivités ont enregistré les sous-performances les plus significatives depuis le début de l’année. Le secteur des services aux collectivités a été pénalisé par la hausse des taux à long terme pendant les premières semaines de janvier.
La saison des résultats bat son plein
La saison des résultats du quatrième trimestre 2023 a commencé. Selon Factset, près de 46 % des entreprises du S&P 500 ont déjà publié leurs résultats. Près de 72 % d’entre elles ont fait état de bénéfices supérieurs aux attentes. La croissance des bénéfices combinés s’élève pour le moment à 1,6 % en glissement annuel. Il s’agit donc du deuxième trimestre consécutif de hausse des bénéfices.
Les prévisions de bénéfices relatives aux douze prochains mois sont restées globalement stables avec une croissance attendue avoisinant 10 %. Les actions américaines se négocient à environ 20 fois les bénéfices attendus, ce qui est supérieur à la moyenne, mais pas excessif pour le moment au vu du contexte.
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Nous confirmons notre positionnement actuel
Dans ce contexte, nous n’avons apporté aucun changement structurel à notre allocation sectorielle. Une note positive demeure justifiée pour le secteur défensif de la santé qui offre une excellente visibilité, tire parti de la hausse de l’activité de fusions et acquisitions et affiche des valorisations attrayantes dans un contexte de ralentissement de la croissance économique.
Nous conservons en outre notre opinion favorable sur la technologie dans lequel les bénéfices publiés jusqu’à présent sont positifs. Ce secteur devrait continuer de bénéficier de la stabilisation des taux d’intérêt, de la perspective d’une baisse des taux de la Fed et du soutien de l’intelligence artificielle (IA). Les valorisations ont augmenté, mais cette hausse ne présente selon nous pas de risque pour le moment, car la croissance reste élevée. La tendance nous est actuellement favorable et nous disposons encore d’un potentiel de hausse.
Actions émergentes : un mois sous le signe de la sous-performance
En janvier, les pays émergents ont enregistré des rendements négatifs (-4,7 % en USD) et ont sous-performé les pays développés (+1,1 %).
En Chine (-10,6 %), malgré une croissance du PIB en ligne (5,2 %) pour 2023, la trajectoire globalement faible s'est poursuivie. Les défis actuels ont été particulièrement soulignés par la déflation persistante, la contraction de l'indice PMI manufacturier et la faiblesse des données sur le crédit. Bien que la PBoC ait injecté davantage de liquidités et réduit le ratio de réserves obligatoires (RRR) de 50bps, ce qui a entraîné un bref rebond du marché, le sentiment est resté prudent et attendait un nouveau rétablissement.
Taïwan (-1,5 %) et la Corée du Sud (-9,7 %) ont enregistré des performances négatives au cours du mois, tandis que Taïwan a surperformé. Les exportations axées sur la technologie ont repris de la vigueur, ce qui a aidé l'économie. L'industrie des semi-conducteurs a vu la confirmation d'un tournant, et la confiance a été renforcée par la croissance rapide des commandes découlant de l'adoption accélérée de l'intelligence artificielle. Taïwan a élu un nouveau président démocrate, tout comme son prédécesseur. Cette stabilité politique aura un impact bénéfique sur la chaîne d'approvisionnement en puces. Dans le même temps, la Corée du Sud a enregistré la plus forte croissance de ses exportations depuis mai 2022. Le gouvernement coréen a envisagé de nouvelles politiques visant à renforcer la divulgation d'informations sur les entreprises et à réduire la décote des entreprises sous-évaluées.
Le marché indien (+2,5 %) est resté solide. Le marché boursier indien s'est hissé au quatrième rang mondial, alimenté par l’intérêt croissant des investisseurs domestiques. Le prochain budget intérimaire du gouvernement en février devrait donner la priorité aux objectifs à long terme tout en maintenant la discipline budgétaire, notamment en augmentant les investissements dans les infrastructures et les projets sociaux.
En Amérique latine, le Brésil (-5,9 %) a sous-performé ses pairs alors que le cycle d'assouplissement s'est poursuivi avec une nouvelle réduction de 50bps. Au Mexique (-1,9 %), la modération de l'inflation a permis de réduire les taux à court terme.
La Turquie (+10,3 %) a connu une nouvelle hausse des taux. L'inflation est restée à des niveaux élevés, mais elle était conforme à l'évaluation de la banque centrale. La Grèce (+5,8 %) a également enregistré des performances positives au cours du mois, l'économie ayant repris sa croissance après une longue période de stagnation.
En ce qui concerne les matières premières, le pétrole a gagné +6,1 % dans le contexte actuel de volatilité géopolitique. L'or a reculé de 1,1 %. Les rendements américains sont repassés sous la barre des 4 % à la fin du mois.
Perspectives et moteurs des marchés
Nous sommes de plus en plus optimistes quant aux perspectives des actions des pays émergents, alors que la confluence des vents contraires qui ont entravé les performances au cours de l'année écoulée commence à se dissiper. La hausse des taux aux États-Unis et, par conséquent, le renforcement du dollar ont été des facteurs clés qui ont pesé sur les rendements des actions des pays émergents au cours des dernières années. Un possible retournement serait favorable aux rendements des pays émergents, y compris la possibilité que les taux d'intérêt américains atteignent leur maximum et une transition vers un environnement de politique monétaire plus accommodant. En particulier, ces vents contraires devraient être prononcés pour la croissance des pays émergents et les facteurs ESG, qui font partie intégrante de nos stratégies pour les pays émergents.
Au niveau régional, les marchés émergents hors de Chine ont fait preuve d'une résilience remarquable, en résistant à la faiblesse associée au ralentissement chinois. Leur capacité à transformer les défis en opportunités, alors que la chaîne d'approvisionnement mondiale subit un vaste remaniement, en est l'illustration. L'industrie des semi-conducteurs voit se confirmer les signes d'un retournement, et la tendance à la hausse de l'intelligence artificielle continue d'être robuste, aidée par l'augmentation des investissements des entreprises technologiques mondiales.
La Chine a connu des rebonds sporadiques à l'aube de la nouvelle année. Le sentiment d'apaisement fait naître l'espoir d'un soutien transformateur de la part du gouvernement, au lieu de politiques incrémentales et de petites mesures qui se répercutent sur les autres. À l'approche du Nouvel An lunaire, nous suivons de près les mouvements du marché d'un point de vue tactique.
Conformément à notre stratégie, nous adapterons l'appétit pour le risque du portefeuille en fonction de l'évolution des conditions du marché, en maintenant une position équilibrée. Nous attendons la confirmation que le pic des taux d'intérêt est derrière nous et que la reprise économique de la Chine s'accélère, contribuant ainsi à la croissance différentielle des marchés émergents.
Mise à jour du positionnement
Nous sommes plus optimistes quant aux perspectives des actions émergentes en raison d’un contexte plus favorable, du pic des taux de la Fed, du recul du dollar et des bonnes performances des titres de croissance.
Nous conservons la surpondération de l’Inde et de Taïwan sur le plan régional et suivons de près les mesures encourageantes du gouvernement sud-coréen à l’égard du marché boursier.
Aucune modification de nos opinions sectorielles. Nous maintenons une opinion positive sur le segment des semiconducteurs.
Opinions régionales :
Aucune modification de nos opinions régionales
Inde : surpondération. Avec une croissance du PIB réel attendue entre 6 et 7 %, l’économie indienne affiche l’expansion la plus rapide de la région. Cette croissance est soutenue par une démographie favorable. En ce qui concerne les élections de cette année, le marché anticipe une certaine stabilité politique compte tenu de l’issue des élections régionales. Les dépenses publiques d’investissement ainsi que les énergies renouvelables et les infrastructures énergétiques restent prioritaires comme le montre le budget provisoire. La prudence budgétaire a également contribué à la baisse des rendements obligataires et l’intégration des obligations indiennes dans l’indice obligataire JPM en 2024 devrait générer des flux supplémentaires.
Taïwan : surpondération. Les résultats des élections ont globalement été conformes aux attentes, mais ont permis de lever les incertitudes du marché. TSMC, la plus grande entreprise de l’indice MSCI Emerging Markets, a progressé grâce à l’amélioration de ses perspectives et à la confirmation de la reprise du secteur des semiconducteurs. Les opportunités thématiques telles que l’IA renforcent les perspectives de croissance. TSMC constate une amélioration notable depuis quelques mois.
Chine : neutre. Les actions chinoises sont restées à la peine en janvier, en particulier celles des petites capitalisations. Les inquiétudes relatives au ralentissement de la consommation, les problèmes liés à la déflation et les niveaux d’endettement excessifs ont maintenu les performances des actions sous pression. Les décideurs chinois ont intensifié leurs efforts pour soutenir les marchés actions, mais nous conservons notre opinion neutre envers la Chine dans l’attente d’une nette amélioration de la conjoncture économique.
Amérique latine : surpondération. Il s’agissait de l’une des régions les plus performantes en 2023, et nous continuons à la surpondérer. Nous suivons de près les performances de l’économie mexicaine en lien avec la décélération potentielle de l’économie américaine, le Mexique étant désormais le premier partenaire commercial des États-Unis. Le Brésil, qui a déjà entamé son cycle d’assouplissement monétaire, affiche une croissance du PIB plus solide qu’anticipé et un environnement politique favorable.
Opinions sectorielles :
Aucune modification de nos opinions sectorielles.