Trump 2.0 : à quoi s’attendre ?
Points clés
- Donald Trump est de retour à la Maison Blanche
- Les Républicains ont obtenu la majorité au Sénat et sont très proches de l’avoir également à la Chambre des représentants.
- Même avec une faible majorité à la Chambre des représentants, Donald Trump serait en bonne position pour mettre en œuvre son programme.
- À court et à moyen terme, les marchés américains devraient continuer à surperformer le reste du monde.
- Nous continuons de privilégier les actions américaines dans un portefeuille équilibré.
Donald Trump est de retour
Donald Trump fait son retour à la Maison Blanche en tant que 47e président, avec une forte probabilité de victoire complète pour les Républicains. Le lendemain des élections, la réaction des marchés a été sans équivoque : les actions américaines ont atteint des niveaux records, les rendements des obligations à 10 ans ont grimpé à 4,5 %, et le dollar s’est renforcé face à la plupart des autres devises.
Au-delà de cette réaction initiale, l’impact de l’élection et du programme de M. Trump sur l’économie américaine et les marchés internationaux reste incertain. Il dépendra largement de la capacité du parti républicain à obtenir la majorité à la Chambre des représentants, un élément clé pour mener à bien l’agenda politique annoncé.
Pour l'instant, l'économie américaine se porte bien : le taux de chômage dépasse à peine les 4 %, la croissance avoisine les 3 %, et l'inflation, mesurée par l’indice des prix à la consommation, est presque revenue à 2 %. Cependant, la mise en œuvre du programme de M. Trump — qui comprend des mesures audacieuses en matière de politique commerciale, d'immigration, de baisses d'impôts, et de dérégulation — pourrait faire dévier l'économie américaine de sa trajectoire actuelle.
D'abord, les Républicains n'ont pas encore officiellement obtenu la majorité à la Chambre des représentants. Ensuite, le calendrier de mise en œuvre de ces mesures est inconnu. Enfin, de nombreux aspects de ce programme demeurent flous. Les droits de douane, par exemple, seront-ils portés à 60 % pour la Chine et à 10 % pour les autres pays, ou bien seront-ils augmentés de 60 % et de 10 % respectivement, s’ajoutant ainsi aux tarifs existants ? Les zones de libre-échange bénéficieront-elles d'exemptions ? Quelle sera la réponse des partenaires commerciaux des États-Unis ? Par ailleurs, des incertitudes pèsent aussi sur les mesures relatives à l'immigration, ou les baisses d’impôts sur les pourboires et les heures supplémentaires.
Trump 2.0 : modération ou fermeté ?
À ce stade, il convient de continuer à envisager deux scénarios :
- Une version relativement « modérée » - Soft Trump - qui permettrait à l'économie de rester relativement proche de sa trajectoire actuelle. Les mesures de soutien en faveur des classes moyennes et inférieures viendraient atténuer l'impact des hausses tarifaires. L'économie continuerait d’afficher une croissance solide, supérieure à 2,5 % en 2025. Cependant, dans ce scénario, l'inflation serait plus élevée, incitant la Réserve fédérale à mettre fin à sa politique d’assouplissement monétaire dès 2025.
- Un scénario plus déstabilisateur - Hard Trump - n’est toutefois pas à exclure. Dans ce cas, le Président mettrait rapidement en œuvre toutes les mesures qu’il a promises, y compris celles les plus extrêmes. Dès l'année prochaine, par exemple, non seulement l'immigration serait freinée, mais un million d'immigrés en situation irrégulière seraient également expulsés. Les hausses tarifaires déclencheraient une véritable guerre commerciale, l'inflation dépasserait les 4 %, et le taux de chômage tomberait sous la barre des 4 %, forçant la Réserve fédérale à relever ses taux. L'économie entrerait alors en récession en 2026.
Les marchés américains devraient continuer à surperformer le reste du monde.
Le contexte fondamental devrait rester favorable aux actifs risqués américains, en particulier dans un scénario de « Soft Trump ». Sur le marché obligataire, les rendements américains ont déjà fortement augmenté depuis la mi-septembre, stimulés par une activité économique plus robuste que prévu et par la probabilité accrue de l'élection de M. Trump. Dans ce scénario modéré, les taux d'intérêt se stabiliseraient dans une fourchette de 4,20 % à 4,50 %, évitant ainsi des perturbations majeures sur les marchés. Le dollar resterait fort.
Notre allocation reste globalement inchangée, avec une préférence pour les actions américaines, soutenues par la résilience de la croissance économique aux États-Unis. Nous conservons notre exposition aux valeurs technologiques, ainsi qu'aux petites et moyennes capitalisations et au secteur financier, qui devraient profiter des réductions d'impôts et de la déréglementation envisagées. Nous maintenons également notre position longue sur le dollar américain.
Concernant les actions de la zone euro, nous conservons une position négative en raison de facteurs fondamentaux, auxquels s’ajoutent les risques baissiers accrus liés à l’élection de Donald Trump.
Notre exposition aux marchés émergents reste incertaine et évoluera en fonction des annonces à venir. Elle dépendra des mesures mises en place par la nouvelle administration américaine, de leur chronologie, ainsi que de potentielles mesures de relance additionnelles en Chine.
Les obligations d'État européennes restent un investissement attractif après la récente hausse des rendements, offrant à la fois un portage intéressant et une couverture dans un portefeuille diversifié. Nous devrions continuer de surpondérer la duration européenne, l'économie faisant déjà face à des risques baissiers en Europe, tout en adoptant une approche prudente vis-à-vis de la duration américaine.
Les marchés du crédit s’étant déjà redressés, nous privilégions une position neutre. Bien que les entreprises devraient bénéficier d'une fiscalité allégée, la volatilité des taux pourrait inverser le soutien technique actuel. En Europe, la situation devrait être plus difficile pour les marchés du crédit, notamment pour les secteurs manufacturiers orientés vers l'exportation.
Le scénario « Hard Trump » décrit plus haut aurait probablement un impact négatif à court terme sur toutes les classes d'actifs, entraînant une baisse des actions et des obligations. Si ce scénario venait à freiner l'activité économique, les obligations d'État pourraient alors retrouver leur rôle d' « amortisseur » face au choc.
Entre ces deux extrêmes, de nombreux scénarios intermédiaires pourraient accentuer la volatilité sur les marchés. Dans les jours et semaines à venir, les taux américains et l'évolution du dollar seront deux variables clés à surveiller de près.