
Les catastrophes climatiques récentes soulignent l'urgence d’agir pour le climat
En octobre 2024, l'Espagne a subi la catastrophe naturelle liée au climat la plus coûteuse de son histoire : de violentes inondations ont balayé la région de Valence, causant la mort de plus de 150 personnes et le déplacement de milliers d’habitants [1]. Le coût économique de ce désastre a atteint 17 milliards d'euros, soit environ 1,7 % du PIB espagnol. Quelques mois plus tard, en janvier 2025, Los Angeles a été frappée par les incendies les plus meurtriers et les plus coûteux jamais enregistrés : 27 victimes, des milliers de personnes déplacées et 250 milliards de dollars de dégâts - soit l'équivalent de 5 % du PIB de la Californie [2] - envolés en seulement huit jours.
Ces événements nous rappellent à quel point les risques physiques liés au changement climatique deviennent alarmants, tant sur le plan économique que social et environnemental.

Les enjeux pour l'économie mondiale
Des études récentes montrent qu'un scénario de réchauffement de +4°C ou plus – autrement dit, si nous continuons « comme avant » - pourrait réduire jusqu'à 40 % du PIB mondial [3] - bien plus que les estimations antérieures, qui tablaient sur environ 10 % - en tenant compte des perturbations dans le commerce mondial et des tensions économiques entre pays. Pour comparer : la pandémie de Covid-19 a entraîné une baisse de seulement 3 % du PIB mondial [4]. Cela montre l'ampleur du danger.
Il ne fait plus guère de doute que nous ne sommes pas sur la bonne trajectoire pour atteindre l'objectif de l'Accord de Paris, qui vise à limiter le réchauffement à 1,5°C. L'année 2024 l’a rappelé : la COP29 a déçu, et le retrait des États-Unis de l'Accord de Paris a accentué les inquiétudes. Ces revers auront des conséquences considérables pour nos économies et nos sociétés.
Mais ce n'est pas le moment de ralentir l'action climatique.
L'engagement de Candriam
Chez Candriam, nous sommes engagés dans la lutte contre le changement climatique, à la fois par conviction et parce que c'est notre devoir d'investisseur responsable envers nos clients. Depuis quinze ans, la lutte contre le réchauffement climatique fait partie intégrante de l’analyse ESG de nos stratégies d'investissement durable. Notre approche repose sur quatre piliers :
- L’exclusion : Éviter les activités incompatibles avec les objectifs de l'Accord de Paris
- L’intégration : Prendre en compte les risques et les impacts climatiques dans l'analyse des investissements
- L’engagement : Travailler avec les entreprises les plus émettrices pour accélérer leur transition
- La transparence : Publier des informations claires et détaillées sur l'impact climatique de nos portefeuilles.
Objectif « Zéro émissions nettes » : Notre feuille de route et nos progrès
En 2021, nous nous sommes engagés à atteindre l'objectif "net zéro" d'ici 2050, et nous avons rejoint l'initiative "Net Zero Asset Managers" aux côtés de 300 autres gestionnaires d'actifs.
Nos actions se déclinent selon quatre axes : la réduction des émissions de nos investissements, l'alignement de nos investissements sur les trajectoires "net zéro", le dialogue avec les entreprises et le financement de la transition écologique.
Nous publions chaque année un rapport sur nos progrès. En voici un aperçu à la fin 2024 :
1. Engagement actionnarial
- Notre engagement : D'ici à 2030, dialoguer avec des entreprises représentant au moins 70% de nos émissions financées.
- Progrès à la fin 2024 : Nous avons échangé avec 56 entreprises représentant 51% des émissions financées de nos investissements.
Nos campagnes d'engagement poussent à une plus grande transparence des émetteurs quant à leurs objectifs et stratégies de décarbonation Nous avons également voté sur 17 résolutions climat, en approuvant seulement 29 % pour signaler nos exigences face au manque d'ambition de certaines entreprises et à l'insuffisance des progrès réalisés - en particulier à l'approche des échéances critiques de 2030 et 2050.
2. Décarbonation / Réduction des émissions
- Notre engagement : D'ici à 2030, réduire l'intensité carbone de nos investissements d'au moins 50 % (par rapport aux niveaux de 2019).
- Progrès à la fin 2024 : Nous avons réduit de 45 % l’intensité carbone de l'ensemble des portefeuilles dans notre périmètre net zéro.
Nous nous rapprochons de notre objectif de 50 % pour 2030, mais deux défis subsistent :
- Élargir notre périmètre net zéro (actuellement 16% de nos actifs sous gestion)
- Inclure les émissions du scope 3 [5] - une fois que la qualité et la fiabilité des données se seront améliorées.
3. Aligner nos investissements avec l’objectif "net zéro"
- Notre engagement : D'ici à 2030, atteindre 50 % des émissions financées en provenance d'entreprises que nous jugeons "net zéro" ou "alignées sur des trajectoires net zéro" [6].
- Progrès à la fin 2024 : Sur 84 des sociétés les plus émettrices de nos portefeuilles, 12 % des émissions financées proviennent actuellement d'entreprises "net zéro" ou "alignées", contre 8 % en 2023.
Notre cadre d’analyse évalue les sociétés sur la cohérence de leurs objectifs climatiques, leur gouvernance et l'allocation de leurs capitaux selon les trajectoires de décarbonation propres à leur secteur.
4. Financer la transition écologique
- Notre engagement : D'ici à 2030, mesurer et maximiser la part de nos investissements contribuant positivement à la transition
- Progrès à la fin 2024 : Nous travaillons sur de nouveaux outils et indicateurs pour évaluer notre financement de la transition. En plus des indicateurs de carbone et de température, nous calculons le niveau d'alignement des fonds sur la taxonomie de l'UE [7]: 6,4 % de notre périmètre net zéro est actuellement aligné.
Nous avons également augmenté notre exposition aux obligations vertes, et développé une stratégie d'impact obligataire. Nos stratégies thématiques climat ont atteint 1,4 milliard d'euros d'encours.
Prochaines étapes
La transition prendra du retard par rapport aux objectifs de l’Accord de Paris. Mais elle n’est pas hors de portée. Evaluer les risques climatiques physiques est complexe, car cela nécessite de nouveaux outils, des donnée fiables, des modèles sophistiqués et des scénarios précis traduisant les risques physiques en impacts financiers.
Mais la complexité ne doit jamais être une excuse à l'inaction - au contraire, elle est un moteur d'innovation.
Chez Candriam, nous restons fidèles à nos convictions, concentrés sur le long terme, et attentifs à la confiance que nos clients nous accordent.
[1]Source : Organisation météorologique mondiale, État européen du climat - Rapport 2024
[2]Source : AccuWeather, https://www.accuweather.com/en/weather-news/accuweather-estimates-more-than-250-billion-in-damages-and-economic-loss-from-la-wildfires/1733821
[3]Source : IOP Science, Reconsidering the macroeconomic damage of severe warming - IOPscience
[4]Source : Science Direct, Dramatically higher loss of GDP under 4°C warming
[5] Les émissions du scope 3 sont la catégorie des émissions de gaz à effet de serre provenant des chaînes de valeur des entreprises, y compris les fournisseurs, le transport, l'usage et l'élimination des produits.
[6] Une entreprise est qualifiée de "nette zéro" si elle s'est engagée à atteindre un niveau zéro d'émissions nettes en équilibrant la quantité de gaz à effet de serre émise et celle supprimée. Cet objectif peut être atteint en réduisant les émissions aussi près que possible de zéro, puis en éliminant les émissions résiduelles grâce à des puits de carbone naturels (forêts ou technologies de capture du carbone). Être "aligné sur les Accords de Paris" signifie que l'entreprise a adhéré à un budget carbone ou à une trajectoire conforme aux objectifs de l'Accord de Paris, c'est-à-dire qu'elle maintient ses émissions cumulées au fil du temps dans les limites de ce budget carbone. Bien que ces deux objectifs soient importants, l'alignement sur Paris exige souvent des entreprises qu'elles élaborent des plans de transition détaillés indiquant les réductions immédiates des émissions et les priorités en matière de dépenses d'investissement à court et à moyen terme, car elle se concentre sur les émissions cumulées plutôt que sur les promesses futures. (Source : Institut MSCI)
[7] La taxonomie de l'UE est un système de classification qui définit les activités économiques pouvant être considérées comme durables sur le plan environnemental.