De l'incertitude électorale à l'incertitude politique

Si les marchés anticipaient une victoire de Donald Trump à l'approche des élections américaines, les prix des actifs ont été principalement influencés par le résultat du scrutin en novembre. Espérant des baisses d'impôts, une politique budgétaire souple et des droits de douane favorisant les entreprises domestiques, les investisseurs se sont rués sur les actifs risqués, notamment les actions américaines. Mais malgré le sentiment positif du marché, de nombreuses incertitudes devront être levées au cours de l'année 2025.

Les performances des marchés boursiers ont reflété la réalité de cette année, à savoir l'exceptionnalisme des États-Unis par rapport aux difficultés économiques et géopolitiques du reste du monde. Les indices boursiers américains, tirés par les petites et moyennes capitalisations, ont surperformé. En revanche, les actions de Corée et de Hong Kong sont restées à la traîne. Au niveau sectoriel, la progression des indices a reposé sur la consommation discrétionnaire, les services financiers et l'industrie, tandis que les titres défensifs ont sous-performé.

Sur les marchés obligataires, les emprunts d’État américains ont retracé d'environ 20 pb sur les échéances à moyen et long terme. Après la forte dynamique haussière qui a précédé les élections américaines, la plupart des gérants ont réduit leurs positions dans l’anticipation d’un environnement plus inflationniste. En Europe, les taux souverains se sont détendus, mais les émissions françaises affichent toujours une prime liée à l'incertitude politique persistante.

L’indice HFRX Global Hedge Fund EUR a enregistré une performance de +0,71 % sur le mois.

 

Stratégies Long/Short Equity

Les fonds Long/Short Equity ont tiré leur épingle du jeu en novembre, mais les performances ont principalement reposé sur le bêta. Les violents mouvements de marché liés aux paris sur l’élection de Donald Trump ont plombé la génération d'alpha, notamment pour les positions short. En moyenne, les stratégies ont généré un spread négatif entre positions longues et positions short. Les stratégies affichant une exposition nette plus élevée ont eu tendance à surperformer les autres stratégies. Depuis le début de l'année, les stratégies axées sur l'Amérique du Nord ont généré les meilleures performances absolues (performances à deux chiffres). Mais sur une base relative, les stratégies axées sur l'Europe et l'Asie ont fait mieux en capturant 80 % à 100 % de leurs indices respectifs. Source de nombreuses opportunités, l'univers des stratégies Long/Short Equity s’avère très diversifié en termes de styles. Dans un contexte d’incertitude persistante et de performances économiques discordantes, les stratégies Long/Short Equity sont bien placées pour profiter de la multiplication des opportunités de marché et d'une divergence économique croissante.

 

Stratégies Global Macro

Les fonds Global Macro se sont bien comportés et ont enregistré de solides performances positives en novembre. Encore dispersé et/ou limité en octobre en raison de l'incertitude liée à l'élection américaine, le positionnement des gérants s’est rapidement adapté pour cibler les actifs favorisés en cas d’élection de Donald Trump. Les principaux moteurs de performance ont été les positions longues sur les actions américaines, les taux européens et le dollar. Les gérants ajusteront progressivement leurs portefeuilles à mesure qu’ils prendront connaissance du contenu des politiques adoptées en matière de droits de douane, de baisses d'impôts et de dépenses budgétaires. Actuellement, le découplage entre les principales puissances économiques régionales offre des opportunités d'investissement intéressantes pour les gérants Global Macro.

 

Stratégies quantitatives

Les stratégies quantitatives ont connu un mois particulièrement robuste. Les modèles quantitatifs multi-stratégies ont généré de solides performances, grâce aux résultats des modèles de suivi de tendance et d'arbitrage statistique sur actions. Depuis le début de l'année, les stratégies les mieux placées affichent des performances à deux chiffres. Les stratégies de suivi de tendance se sont bien comportées durant le mois. Les paris sur les taux longs européens et les positions short sur les taux courts américains ont bien fonctionné. Les positions short sur l'euro, le dollar canadien et le franc suisse ont également apporté des contributions positives.

 

Stratégies d’arbitrage obligataire

Après des mois d'incertitude quant à la persistance de l'inflation et à la vigueur de l'économie, les banques centrales sont désormais plus conciliantes et se préparent à abaisser leurs taux directeurs à mesure que l'inflation se normalise. Si l’ampleur des mesures d’assouplissement monétaire reste à déterminer, ce changement a créé des opportunités, les mouvements de marché faisant apparaître d’importantes divergences entre les régions. Aux États-Unis, le marché obligataire a suivi une tendance haussière et la courbe des taux s’est pentifiée. Dans le même temps, les spreads entre les rendements obligataires européens à 10 ans et leurs homologues américains et britanniques ont atteint des niveaux historiquement élevés. Cet environnement a été très favorable aux gérants obligataires, qu'il s'agisse de transactions de valeur relative ou de gestion directionnelle, même si certains ont été pris au dépourvu par la flambée des taux aux États-Unis.

 

Stratégies Risk Arbitrage – Event Driven

Après un mois d'octobre difficile, les stratégies Event Driven ont tiré leur épingle du jeu en novembre. Elles ont notamment été dopées par la victoire de Donald Trump. Les stratégies d’arbitrage de fusions ont généré des performances positives grâce à la compression des spreads, les investisseurs anticipant une Commission fédérale du commerce plus favorable aux entreprises et un ministère de la Justice moins sévère envers les projets de fusions. Dans un contexte d’appétit pour le risque, les situations spéciales ont également contribué positivement. Selon les spécialistes, les volumes de fusions et acquisitions sont décevants, mais pourraient rebondir dans les trimestres à venir. Les taux ont amorcé un cycle baissier qui pourrait inciter les conseils d'administration à agir, et l'histoire nous enseigne qu'une période de disette en matière de fusions et acquisitions est toujours suivie d'un net rebond. De fait, la communauté des arbitragistes estime que les élections américaines pourraient jouer un rôle de catalyseur.

 

Stratégies Distressed

Si les taux de défaut se sont récemment redressés, les défaillances restent concentrées dans des secteurs spécifiques tels que l'immobilier de bureau, ou les entreprises de logistique qui se sont endettées pendant la crise du COVID pour répondre à la demande dans le commerce électronique. La plupart des entreprises ont été en mesure de refinancer leur dette de manière opportuniste à des taux plus bas au cours de la période 2020-2021. Les spécialistes de la dette distressed continuent de cibler des opportunités idiosyncratiques, restent prudents sur le haut rendement (les spreads sont proches de planchers historiques) et ont identifié certaines failles dans des domaines spécifiques du marché des prêts. En outre, les stratégies distressed ont déniché des opportunités intéressantes dans la restructuration de bilans et la fourniture de liquidités à des acteurs spécifiques du marché. 

 

Stratégies Long/Short Credit

Les taux d'intérêt de base restent élevés, offrant aux investisseurs en crédit des rendements satisfaisants. Cependant, les spreads des obligations d’entreprise sont proches de planchers historiques. On peut dès lors se demander si les investisseurs sont correctement rémunérés pour le risque qu’ils assument. Les gérants ont concentré les portefeuilles sur leurs convictions les plus solides en matière de fondamentaux, augmenté le niveau des couvertures et réduit l’orientation directionnelle des stratégies. Parallèlement, le niveau élevé des valorisations génère de nombreuses opportunités pour les stratégies d’alpha fondées sur des positions short. Bien que les taux entament un cycle de baisse, ils restent à des niveaux élevés, ce qui favorise la génération d'alpha à la fois sur les positions longues et shorts, la recherche fondamentale devenant plus importante dans la construction des portefeuilles. Les approches de performance absolue ou d’investissement couvert ont gagné en pertinence avec l'augmentation des risques idiosyncratiques et la montée de l'incertitude géopolitique. La diversification des risques demeure essentielle et devrait faire partie intégrante de tout processus d’investissement.

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