Après la prudence d’avril, l'appétit pour le risque est revenu sur les marchés. Les indicateurs des économies occidentales continuent de suggérer une phase de décélération dans la plupart des principales économies, mais rien ne laisse supposer qu'une récession sévère est imminente. Cependant, on observe une dispersion croissante des performances et des primes de risque des actifs financiers.
Les marchés actions sont restés robustes durant tout le mois de mai. Les indices à forte composante technologique ont encore surperformé, grâce aux grandes capitalisations et à l’engouement pour l'intelligence artificielle, tandis que les petites capitalisations européennes ont tiré leur épingle du jeu. Au niveau sectoriel, l'énergie et la consommation discrétionnaire ont sous-performé en Europe et aux États-Unis. Les emprunts d’État à long terme ont été malmenés des deux côtés de l’Atlantique, mais sont parvenus à terminer le mois sur une note étale. Les spreads des obligations d’entreprise sont restés extrêmement étroits.
L’indice HFRX Global Hedge Fund EUR a enregistré une performance de +0,46 % sur le mois.
Stratégies Long/Short Equity
Les stratégies Long/Short Equity se sont bien comportées, les stratégies directionnelles surperformant les actifs« market-neutral ». Elles ont terminé le mois dans le vert, mais capturé une part de la performance haussière des indices traditionnels moins importante qu’au cours des quatre premiers mois de l'année. Néanmoins, les gérants Long/Short Equity ont tiré parti de la dispersion croissante des marchés actions, générant en moyenne la majeure partie de leur alpha sur les positions short. Les positions longues associées à de fortes convictions ont également apporté une contribution positive. Depuis le début de l'année, les positions short ont généré un alpha très négatif en Asie, mais positif – dans une moindre mesure que les indices de référence – aux États-Unis et en Europe. Dans le contexte actuel de taux plus élevés, une stratégie Long/Short Equity bien équilibrée constitue un excellent outil pour bénéficier des opportunités offertes par la dispersion inter et intra sectorielle. Par rapport aux stratégies traditionnelles « long only », ces stratégies résisteront mieux à une hausse éventuelle de la volatilité si le scénario dominant d’une croissance modérée pour 2024 devait être remis en cause.
Stratégies Global Macro
Les performances des stratégies Global Macro ont été plutôt modérées, présentant de faibles niveaux de dispersion au cours du mois. En moyenne, les gérants ont limité leur exposition dans l’attente de nouveaux indicateurs permettant de repositionner les portefeuilles. Les positions sur bons du Trésor américain ont connu des fortunes diverses. En effet, les taux se sont détendus en début de mois après la publication de chiffres pessimistes sur l’inflation et l’emploi non agricole aux États-Unis, mais ce mouvement s'est inversé dans la deuxième quinzaine après les déclarations agressives des responsables de la Fed. Le rendement du 10 ans a progressé d’autant plus vite que l’adjudication de bons du Trésor à 5 et 10 ans a suscité une demande décevante. La contribution des matières premières a été mitigée, les gains des métaux et des produits de base ayant été compensés par les pertes de l'énergie. L'environnement actuel et les perspectives à court terme devraient offrir des opportunités d'investissement intéressantes aux stratégies Global Macro.
Stratégies quantitatives
En moyenne, les stratégies quantitatives ont reculé au cours du mois. Les modèles de suivi de tendance ont généré des pertes sur les matières premières, les devises et les obligations, compensées par des gains sur les positions longues en actions. Depuis le début de l'année, les CTA ont fortement contribué à la performance. Les fonds quantitatifs multi-stratégies ont surperformé les stratégies de suivi de tendance, générant des performances stables à légèrement négatives au cours de la période. Au sein de ce segment, les différents modèles ont fourni des contributions mitigées. Mais les fonds quantitatifs multi-stratégies ont globalement enregistré des performances régulières au cours des cinq dernières années, ce qui leur confère de solides atouts en termes de diversification.
Stratégies d’arbitrage obligataire
Depuis le début de l'année, les banques centrales dépendent fortement des données, le moindre indicateur économique étant susceptible d’influencer les décisions en matière de taux d'intérêt ou de modifier la forme de la courbe des taux. Par conséquent, la volatilité du marché a nettement diminué par rapport à 2023 et les prix des obligations sont restés confinés dans une fourchette. Cependant, la persistance de l’inflation a surpris les marchés et les investisseurs ont été contraints de réviser leurs anticipations, ce qui a suscité une envolée temporaire des taux d'intérêt à l'échelle mondiale. De nombreux investisseurs obligataires directionnels ont été pris au dépourvu par cette hausse soudaine, mais les traders de valeur relative ont su tirer parti de ce pic de volatilité. Les marchés estiment désormais que la prochaine baisse des taux de la Fed interviendra après l’élection présidentielle américaine, tandis que la BCE est susceptible d’agir plus tôt si nécessaire.
Stratégies Risk Arbitrage – Event Driven
Les stratégies Event Driven se sont bien comportées durant le mois. Les stratégies fondées sur des catalyseurs objectifs ou subjectifs ont toutes deux contribué positivement aux performances. L'arbitrage de fusions a bénéficié de la conclusion de plusieurs transactions, dont l'acquisition de Pioneer par Exxon. Les stratégies fondées sur des catalyseurs subjectifs ont tiré parti de situations idiosyncratiques et d'un contexte de marché favorable. Le volume des fusions et acquisitions a augmenté aux États-Unis et en Europe, ce qui constitue un signe positif pour ces stratégies. Le renforcement de la gouvernance d'entreprise pour les actionnaires japonais a offert des opportunités d'investissement attrayantes, mais exclusivement accessibles via des stratégies Event Driven axées sur l'Asie. Un environnement de taux durablement élevés et de nombreux actifs arrivant à échéance à l’horizon 2026 représentent une importante source d'opportunités pour les stratégies de situations spéciales.
Stratégies Distressed
Au cours des 18 derniers mois, le paysage des opportunités d’investissement a considérablement évolué sur ce segment. À la fin 2022, la forte poussée inflationniste et la succession rapide des hausses de taux semblaient annoncer, pour les stratégies Distressed, une ère de prospérité inédite depuis la crise financière de 2008. Ces attentes ont été déçues en 2023, dans un contexte où l’économie et le marché de l’emploi se sont avérés plutôt résilients. Les opportunités qui se sont présentées au cours de l’année ont dès lors été liées à des événements spécifiques tels que la crise bancaire aux États-Unis (premier trimestre 2023), ou à des situations idiosyncratiques. Actuellement, les taux de défaut ont commencé à augmenter, mais de manière limitée car la plupart des entreprises ont refinancé leur dette de manière opportuniste en bloquant de faibles taux d’emprunt au cours de la période 2020-2021, tandis que la santé financière des consommateurs demeure relativement solide. Prudents en matière d’investissement dans les émetteurs à haut rendement, les gérants Distressed se montrent attentistes et préfèrent se concentrer sur des opportunités idiosyncratiques, d’autant plus qu’ils ont identifié certaines failles dans des domaines tels que le marché des prêts. De fait, certains acteurs se sont lourdement endettés par le biais de prêts à taux variable, sans anticiper une hausse aussi fulgurante des taux à court terme.
Stratégies Long/Short Credit
Les taux d'intérêt de base restent élevés, offrant aux investisseurs en crédit des rendements satisfaisants. Cependant, les spreads des obligations d’entreprise sont proches de planchers historiques. On peut dès lors se demander si les investisseurs sont correctement rémunérés pour le risque qu’ils assument. Les gérants ont concentré les portefeuilles sur leurs convictions les plus solides en matière de fondamentaux, augmenté le niveau des couvertures et réduit l’orientation directionnelle des stratégies. Parallèlement, le niveau élevé des valorisations génère de nombreuses opportunités pour les stratégies d’alpha fondées sur des positions short. Alors que la recherche fondamentale devient plus importante dans la construction de portefeuille, un environnement de taux durablement plus élevés pourrait favoriser la génération d’alpha à la fois sur les positions longues et short. Les approches de performance absolue ou d’investissement couvert ont gagné en pertinence avec l'augmentation des risques idiosyncratiques et la montée de l'incertitude géopolitique. De plus, la hausse incontestable des rendements a redonné une place de choix aux obligations dans l’allocation d’actifs. Au vu des événements récents, la diversification des risques demeure néanmoins essentielle et devrait faire partie intégrante du processus d’allocation des investissements.