Il n'est pas rare que les marchés connaissent des pics de volatilité pendant les périodes estivales, où les volumes de transactions sont limités. La correction observée lors de la deuxième quinzaine de juillet s'est prolongée durant la première semaine d'août. Bien que le ralentissement économique ait déstabilisé des marchés excessivement optimistes vis-à-vis de certains secteurs, une saison des résultats robuste et de solides indicateurs pour la consommation et les services (ISM) ont permis au marché d’effacer ses pertes à la fin août.
Les secteurs défensifs ont largement participé aux performances des actions. La consommation courante, la santé et les services aux collectivités ont surperformé l'énergie, les technologies de l'information et la consommation discrétionnaire. Les actions chinoises sont restées à la traîne des autres grandes régions, au cours du mois comme depuis le début de l'année. Intégrant les baisses de taux annoncées et anticipées, les rendements souverains européens et américains ont baissé sur toutes les échéances. Les spreads des obligations d’entreprise ont suivi la tendance avec des resserrements proches de 10 pb pour le segment investment grade et 50 pb pour le segment high yield, aussi bien aux États-Unis qu’en Europe.
L’indice HFRX Global Hedge Fund EUR a enregistré une performance de +0,26 % sur le mois.
Stratégies Long/Short Equity
Les stratégies Long/Short Equity ont connu un mois d’août difficile. La stratégie a enregistré des performances moyennes positives au cours de la période, mais avec des niveaux de dispersion élevés. Selon les rapports des prime brokers, les stratégies à faible exposition nette et performance moyenne ont globalement enregistré des performances inférieures à celles des stratégies Long/Short directionnelles. Les positions shorts des stratégies à faible exposition nette et des stratégies market-neutral ont protégé le portefeuille durant la correction. En revanche, les fonds directionnels ont affiché une plus grande dispersion. Les stratégies Long/Short Equity se sont bien comportées depuis le début de l'année, avec une forte génération d'alpha et des ratios de capture de la hausse satisfaisants. Dans ce registre, les stratégies axées sur l'Asie ont surperformé, capturant un peu plus de 80 % de la performance des actions asiatiques. Dans le contexte actuel de taux plus élevés, une stratégie Long/Short Equity bien équilibrée constitue un excellent outil pour bénéficier des opportunités offertes par la dispersion inter et intra sectorielle. Par rapport aux stratégies traditionnelles « long only », ces stratégies résisteront mieux à une hausse éventuelle de la volatilité.
Stratégies Global Macro
Les pics de volatilité et le débouclage des positions de portage ont eu un impact globalement négatif sur les stratégies Global Macro. Les stratégies discrétionnaires avaient considérablement réduit leurs niveaux de risque à l'approche de la période estivale, ce qui a permis de limiter l'impact des récents mouvements du marché. Les fonds abritant une plus grande proportion de transactions « macro » ont eu tendance à sous-performer les stratégies mettant davantage l'accent sur une sélection diversifiée de transactions de valeur relative. Les paris sur les actions de certains secteurs, les positions longues sur le dollar ou les actions japonaises et les positions short sur le yen ou le yuan ont plombé les résultats. Dans un contexte de performances très diverses depuis le début de l'année, le choix de la stratégie s’avère essentiel. L'environnement actuel et les perspectives à court terme devraient offrir des opportunités d'investissement intéressantes aux stratégies Global Macro.
Stratégies quantitatives
Les stratégies quantitatives ont affiché des performances dispersées. L'environnement a été difficile pour les gestionnaires de suivi de tendance, affectés par le dénouement des opérations de portage et le brutal changement de cap observé sur les grands marchés boursiers. En moyenne, les performances ont avoisiné -5 %. Les performances des fonds quantitatifs multi-stratégies ont été plus mitigées, les résultats dépendant de la combinaison de leurs expositions. Les performances moyennes des sous-stratégies sont restées stables, les gérants les plus réputés parvenant à rester en territoire positif. Les modèles de suivi de tendance, qui avaient connu l'un des meilleurs premiers trimestres jamais enregistrés, ont abandonné une grande partie de leurs gains au cours des trois derniers mois. Mais les fonds quantitatifs multi-stratégies ont globalement enregistré des performances régulières au cours des cinq dernières années, ce qui leur confère de solides atouts en termes de diversification.
Stratégies d’arbitrage obligataire
Après des mois d'incertitude quant à la persistance de l'inflation et à la solidité de l'économie, les banquiers centraux ont admis la nécessité de réduire les taux d'intérêt, ce qui les a conduits à adopter une position plus conciliante. Bien que l'ampleur de l’assouplissement monétaire reste à déterminer, cette inflexion a indéniablement ouvert la voie à un rallye obligataire soutenu. Si de nombreux gérants directionnels ont été pris au dépourvu par l’inversion de la tendance sur les marchés obligataires – sauf au Japon, où les perspectives faisaient l’objet d’un consensus –, cette évolution a été favorable aux fonds d'arbitrage obligataire.
Stratégies Risk Arbitrage – Event Driven
Les stratégies Event Driven ont enregistré des résultats plutôt décevants. En moyenne, les stratégies d'arbitrage de fusions ont généré des performances positives, bénéficiant de la compression des spreads et de la finalisation de plusieurs transactions. Mais les stratégies de situations spéciales ont connu des fortunes diverses, les performances dépendant d'un mélange de choix idiosyncratiques et du niveau de couverture défini par le gérant. Le volume des fusions a augmenté aux États-Unis et en Europe, ce qui constitue un signe positif pour ces stratégies. Le renforcement de la gouvernance d'entreprise pour les actionnaires japonais a offert des opportunités d'investissement attrayantes, mais essentiellement accessibles via des stratégies Event Driven axées sur l'Asie. Un « mur d'échéances » significatif à l’horizon 2026 représente une importante source d'opportunités pour les stratégies de situations spéciales.
Stratégies Distressed
Au cours des 18 derniers mois, le paysage des opportunités d’investissement a considérablement évolué sur ce segment. À la fin 2022, la forte poussée inflationniste et la succession rapide des hausses de taux semblaient annoncer, pour les stratégies Distressed, une ère de prospérité inédite depuis la Grande crise financière. Ces attentes ont été déçues en 2023, dans un contexte où l’économie et le marché de l’emploi se sont avérés plutôt résilients. Les opportunités qui se sont présentées au cours de l’année ont dès lors été liées à des événements spécifiques tels que la crise bancaire aux États-Unis (premier trimestre 2023), ou à des situations idiosyncratiques. Actuellement, les taux de défaut ont commencé à augmenter, mais de manière limitée car la plupart des entreprises ont refinancé leur dette de manière opportuniste à de faibles taux d’emprunt au cours de la période 2020-2021, tandis que la santé financière des consommateurs demeure relativement solide. Prudents en matière d’investissement dans les émetteurs à haut rendement, les gérants Distressed se montrent attentistes et préfèrent se concentrer sur des opportunités idiosyncratiques, d’autant plus qu’ils ont identifié certaines failles dans des domaines tels que le marché des prêts. De fait, certains acteurs se sont lourdement endettés par le biais de prêts à taux variable, sans anticiper une hausse aussi fulgurante des taux à court terme.
Stratégies Long/Short Credit
Les taux d'intérêt de base restent élevés, offrant aux investisseurs en crédit des rendements satisfaisants. Cependant, les spreads des obligations d’entreprise sont proches de planchers historiques. On peut dès lors se demander si les investisseurs sont correctement rémunérés pour le risque qu’ils assument. Les gérants ont concentré les portefeuilles sur leurs convictions les plus solides en matière de fondamentaux, augmenté le niveau des couvertures et réduit l’orientation directionnelle des stratégies. Parallèlement, le niveau élevé des valorisations génère de nombreuses opportunités pour les stratégies d’alpha fondées sur des positions short. Bien que les taux entament un cycle de baisse, ils restent à des niveaux élevés, ce qui favorise la génération d'alpha à la fois sur les positions longues et courtes, la recherche fondamentale devenant plus importante dans la construction des portefeuilles. Les approches de performance absolue ou d’investissement couvert ont gagné en pertinence avec l'augmentation des risques idiosyncratiques et la montée de l'incertitude géopolitique. La diversification des risques demeure essentielle et devrait faire partie intégrante du processus d’allocation des investissements.