Le changement climatique: une opportunité d'investissement unique ?

De gros montants. De gros, gros montants. Pour les investisseurs aussi.

Quelqu’un, quelque part, créera les produits, les infrastructures et les outils logiciels permettant de répondre aux défis du changement climatique. Notre objectif : trouver ces entreprises !                                   

En 2013, McKinsey avait estimé qu’un investissement initial de 530 milliards d’euros par an serait nécessaire d’ici 2020 pour prévenir le changement climatique.[1] En octobre 2019, Forbes citait un rapport d’une grande maison de courtage indiquant qu’un montant de 50 trillions de dollars serait requis dans cinq domaines clés de la technologie[2] d’ici 2050… soit environ trois fois l’investissement annuel que McKinsey avait évalué il y a sept ans. 

Cependant, la définition d’un montant précis n’est pas le principal enjeu. Lorsque le Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC) publie ses prévisions, les auteurs précisent que leurs estimations sont fondées sur de multiples hypothèses. Le consensus s’accorde sur le fait que l’investissement nécessaire pour répondre aux enjeux du changement climatique est considérable, mais également sur le principe que plus cet investissement tarde à venir, plus il devra être important.

« Les changements climatiques sont l’un des plus grands défis de notre époque »[3], ont déclaré les dirigeants du G20 dans un communiqué collectif en novembre 2015.

Pour les investisseurs, le changement climatique pourrait bien offrir l’une des plus grandes opportunités de notre époque.

Il existe deux principaux types d’actions en faveur du climat : les actions visant à atténuer le changement climatique potentiel à venir, et celles visant à s’adapter aux difficultés climatiques déjà avérées. Les tailles respectives de ces marchés sont interconnectées. En effet, plus les gouvernements tardent à mettre en œuvre les lois et les investissements qui permettraient d’atténuer le changement climatique, plus les coûts d’adaptation augmentent, entraînant un développement plus rapide de ce marché.



Certaines activités visant à atténuer le changement climatique nous viennent naturellement à l’esprit : la réduction des émissions de gaz grâce à l’énergie solaire ou à d’autres énergies renouvelables, les véhicules électriques et le développement des transports en commun ; les innovations technologiques, comme les nouvelles batteries et autres techniques permettant de stocker l’énergie solaire, éolienne ou générée par des turbines afin de pouvoir l’utiliser lorsque le soleil ne brille plus ; les méthodes agricoles qui consomment moins d’eau et émettent moins de gaz à effet de serre (GES) ; les bâtiments plus écologiques ;certaines entreprises qui proposent des services spécifiques, comme la collecte de données sur les flux de circulation dans les grandes villes pour adapter et ainsi réduire les bouchons et par conséquent les émissions de GES...

L’adaptation au changement climatique offre également une opportunité de taille pour les investisseurs. Le changement climatique est déjà une réalité. Le nombre de catastrophes naturelles liées au climat a doublé entre 1990 et 2018 selon la compagnie d’assurance Munich Re. Même si la transition énergétique se déroule de manière ordonnée, il nous faudra nous adapter.

Les événements climatiques extrêmes sont plus fréquents
Nombre d’évènements climatiques extrêmes, par type, entre 1980 et 2016





Ce processus d’adaptation est déjà en cours. Une meilleure isolation et des toitures végétalisées dans les régions où les températures sont moins confortables qu’autrefois ;des cahiers des charges plus stricts en matière d’efficacité énergétique pour les immeubles résidentiels et les bureaux, et même le retour à des solutions toutes simples comme les volets aux fenêtres ; les semenciers qui développent de nouvelles variétés de végétaux capables de résister à la sécheresse pour les pays souffrant d’un déficit d’eau ; certaines villes comme Copenhague ou Tokyo qui construisent des « réservoirs » ou autres systèmes de contrôles des crues, ou encore des stades sur pilotis, pour faire face aux risques croissants d’inondations... Ces investissements peuvent être financés par la collectivité, mais souvent, une entreprise privée est chargée de concevoir et de construire ce type d’infrastructure.

Nous avons jusqu’ici évoqué un processus d’adaptation dans le cadre d’une transition énergétique ordonnée. Pourtant, le 5 novembre 2019, les Etats-Unis ont annoncé formellement leur intention de se retirer de l’Accord de Paris de 2015 – soit le premier jour de retrait possible selon les termes de l’accord. Que se passerait-il si la transition énergétique mondiale devenait chaotique ? Une situation peu souhaitable, mais qui pourrait engendrer des opportunités d’investissement encore plus importantes dans l’adaptation au changement climatique ?

Dans le contexte d’une transition énergétique désordonnée, les dépenses liées à l’adaptation seraient supérieures et plus rapides. D’autres effets négatifs pourraient venir impacter les pays en développement, notamment en raison de mauvaises récoltes ou de difficultés d’approvisionnement en eau. Dans les pays plus riches, il est possible que les propriétaires soient requis d’investir davantage dans des systèmes de prévention des crues, de reconstruire avec de meilleurs matériaux, d’investir dans des systèmes de climatisation ou d’isolation, de modifier leurs jardins si l’eau devient trop chère, ou d’installer des systèmes d’irrigation sur des terrains agricoles autrefois arrosés naturellement.

 

Les opportunités d’investissement aujourd’hui

Certes, les gouvernements sont en retard par rapport aux préconisations du GIEC. Certes, les plus gros chiffres annoncés semblent toujours fixés pour 2030, 2040 ou 2050. Néanmoins, la taille du marché actuel est considérable. Selon l’un des scénarios visant à atteindre l’objectif de 2⁰, plus de 40% des réductions des GES proviendrait d’améliorations dans la production d’énergie, 20% de l’optimisation dans le domaine du transport, et 10% de la réduction des émissions dans le bâtiment.

Aujourd’hui, 26% de la production d’électricité est issue d’énergies renouvelables. Un pourcentage qui devrait croître de 1 200 gigawatts, soit 50%, en cinq ans – l’équivalent de la capacité totale de production des Etats-Unis en 2018[4]. Il s’agit là d’une croissance considérable pour un marché déjà important. Et qui représente un grand nombre de panneaux photovoltaïques, d’éoliennes, d’honoraires versés pour la conception des projets… et d’opportunités d’investissement.

Aujourd’hui, il est estimé que 5,2 millions de véhicules électriques sont en circulation à travers le monde à fin 2018[5], avec une prévision de croissance cumulée de près de 20% par an au cours des dix prochaines années. Au Royaume Uni, par exemple, les ventes de véhicules électriques ou hybrides – qui représentent globalement 7% du marché – ont progressé de 28% sur les 7 premiers mois de l’année 2019. Nous sommes sans doute encore loin des objectifs environnementaux, mais le marché pour ce type de véhicule est bien présent, et en expansion[6].

Aujourd‘hui, des normes de construction plus strictes sont en cours d’élaboration. Les nouveaux bâtiments doivent se conformer à de nouveaux standards, d’ores et déjà en vigueur. A compter de 2020, la réglementation européenne exigera que les nouvelles constructions aient une consommation d’énergie quasi nulle. Le Royaume-Uni propose actuellement de nouvelles normes pour le bâtiment, dont certaines sont attendues pour la fin de l’année 2020[7], c’est-à-dire dans 12 mois.

Aujourd’hui, le marché soutient de moins en moins des entreprises émettrices de carbone. En novembre 2019, la Banque Européenne d’Investissement (BEI) a annoncé qu’elle ne financerait plus les projets relatifs aux combustibles fossiles, ce qui représente une baisse de 2,2 milliards de dollars de financement annuel pour ces entreprises. Comme l’histoire nous l’a déjà montré, les nouvelles technologies replacement progressivement les plus anciennes.

Le futur est déjà là. La lutte contre le changement climatique peut offrir des opportunités d’investissement uniques.

 

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[1] Pathways to a low-carbon economy: Version 2 of the global greenhouse gas abatement cost curve; McKinsey & Company", septembre 2013.  

[2] Stopping Global Warming Will Cost $50 Trillion: Morgan Stanley Report", Forbes, 25 octobre 2019.

[3] "Communiqué des dirigeants du G20" dans le cadre du sommet d’Antalya du 15-16 novembre 2015.

[4] "Market Report Series: Renewables 2019": octobre 2019, AIE / Agence Internationale de l’Energie

[5] "Global EV Outlook 2019", AIE, , consulté le 20 novembre 2019

[6] "New car market declines in July but pure EV registrations almost triple", août 2019, SMMT, Society of Motor Manufacturers and Traders, consulté le 19 novembre 2019, et analyses réalisées par Candriam.

[7] "Government reveals plans for emission-reduced homes to reach climate targets", octobre 2019, Climate Action, consulté le 19 novembre 2019.

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