Un meilleur point de départ pour les investisseurs

2022 - Une année en La mineur

Alors que fin 2021 les investisseurs pensaient pouvoir tourner la page du choc causé par la pandémie de Covid-19, peu d’entre eux s’attendaient à l’éclatement d’une guerre en Europe quelques semaines plus tard. En plus de faire d’innombrables victimes, ce terrible conflit a eu pour impact de balayer la sécurité énergétique en Europe et de faire exploser les prix de l’énergie. Le prix du gaz a été multiplié par cinq et les cours du pétrole ont plus que doublé en deux ans. Nous sommes potentiellement confrontés à une crise plus grave que celle des années 1970. Cette crise, qui affecte chacun de nous, n’est pas seulement celle des prix de l’énergie mais aussi celle de la sécurité de l’approvisionnement pour l’Europe.

Depuis le début de cette décennie, les acteurs des marchés financiers et les banquiers centraux on connu la déstabilisation causée par la pandémie, et l’effet accélérateur de la guerre. Nous savions dès le départ que l’amorce du cycle de resserrement des banques centrales serait une période délicate pour les marchés. Mais la fonction de réaction des banques centrales a finalement conduit à un resserrement anticipé des politiques monétaires que la génération actuelle d’investisseurs n’avait jamais connu.

Toutefois, en raison d’une année 2022 particulièrement difficile pour les marchés financiers, les investisseurs disposent aujourd’hui d’un meilleur point d’entrée qu'il y a un an, tant sur les marchés obligataires que sur les actions. Il y a tout juste un an, notre prévision de rendement annualisé pour les cinq ans à venir s’établissait à seulement 3,1 % pour un portefeuille EMU diversifié 50/50. Les rendements anticipés à moyen terme sont aujourd’hui plus attractifs compte tenu de la remontée des rendements obligataires et des baisses de valorisations sur les marchés actions. Dès lors, cette même prévision atteint maintenant 5,5 %.

2022 - encore une année difficile

De nombreux pays ont vu leur taux d’inflation augmenter à des niveaux inédits depuis des décennies. Déjà sous pression du fait des tensions dans les chaînes d’approvisionnement, l’inflation s’est envolée dans le sillage de l’invasion russe de l’Ukraine. Le conflit a causé une grave crise énergétique en Europe et de sérieuses difficultés pour les pays à faible revenu en raison de la pression sur les prix des denrées alimentaires.

La persistance et la généralisation de l’inflation ont incité les banques centrales du monde entier à revenir sur leur politique monétaire accommodante : ces cinquante dernières années, le monde a rarement connu une évolution aussi synchronisée vers des politiques de restriction de la croissance ! Sans surprise, l’ajustement des marchés financiers s’est révélé douloureux : les marchés internationaux d’actions et d’obligations ont subi une forte correction.

En 2023, l’incertitude géopolitique, le resserrement des conditions financières et un pouvoir d’achat limité devraient continuer à peser sur la croissance, mais le pic d’inflation a probablement été atteint. Pour les marchés financiers, la bonne nouvelle est qu’une grande partie des mauvaises nouvelles semble déjà intégrée dans les cours!

Global inflation forecasts: Serial upside surprises

Des tensions géopolitiques qui devraient persister au-delà de 2023

Ces dix dernières années, le monde est passé d’une ère post-guerre froide à ce que l’on appelle désormais communément « la rivalité des grandes puissances » - une situation de concurrence accrue entre les États-Unis et la Chine, ainsi qu’entre la Russie et l’Occident. Le bras de fer politique, économique et militaire entre l’Occident et la Russie devrait perdurer jusqu’en 2023, tandis que les tensions entre les États-Unis et la Chine sur l’accès aux technologies stratégiques, ainsi que la menace d’une intervention militaire de la Chine à Taïwan, sont peu susceptibles de s’apaiser. Dans ce contexte, les défis que sont l’établissement de partenariats mondiaux en matière de sécurité, l’intégration financière, la résilience des chaînes d’approvisionnement et les déplacements de populations ne mijotent plus sur le feu en arrière-plan : les enjeux géopolitiques continueront de façonner les perspectives économiques et d’être source de volatilité pour les marchés financiers.

Comme point de départ: plus d’inflation et moins de croissance

Outre les incertitudes géopolitiques, le durcissement des conditions financières et l’inflation toujours élevée continueront de freiner la croissance mondiale en 2023. Les banques centrales des principaux pays vont rester focalisées sur l’inflation. A mesure que les économies commenceront à ralentir et que des fragilités financières apparaîtront, les appels à l’assouplissement des conditions monétaires vont inévitablement se multiplier. Dans ce contexte, l’activité dans les économies avancées restera inférieure à son potentiel en 2023.

Aux États-Unis, bien que le risque de mauvais calibrage de la politique monétaire reste important, la Fed devrait réussir à orchestrer un atterrissage à peu près en douceur. En Europe, les perspectives de croissance restent problématiques : bien que les températures anormalement clémentes aient récemment entraîné une baisse des prix du gaz naturel, tout regain de tensions pourrait aisément faire plonger la zone euro en récession.

En Chine, malgré l’assouplissement progressif de la politique « zéro-Covid » et un certain soutien budgétaire, l’éclatement de la bulle immobilière est loin d’être terminé.

Première conclusion pour les stratégies multi-actifs : continuer d’acheter la duration via le crédit Investment Grade

Les marchés n’ont pas tardé à intégrer une grande partie des mauvaises nouvelles en 2022. Ces 50 dernières années, une baisse simultanée des cours des obligations et des actions n’a été observée qu’en 1994, année là encore marquée par un resserrement monétaire prononcé de la part de la Réserve fédérale. En conséquence, les rendements se sont quelque peu redressés ces derniers mois et les rendements attendus sur les obligations redeviennent positifs, ce qui contraste fortement avec la situation d’il y a un an. Nous avons clairement commencé à allonger progressivement la duration des portefeuilles et nous comptons poursuivre sur cette voie au cours des prochains mois. Nos experts privilégient les émetteurs européens Investment grade de bonne qualité. Par ailleurs, nous finançons le portage via la dette émergente et les obligations internationales à haut rendement.

Rare simultaneous S&P 500 & Treasury drawdowns since 1973

En cette fin d’année nous privilégions les actions par rapport aux obligations, tout en sachant que le potentiel haussier sera probablement limité

Notre stratégie d’investissement est désormais plus constructive compte tenu de niveaux de prix attractifs à l’entame du quatrième trimestre. En octobre, notre analyse du sentiment des investisseurs, de la psychologie du marché et des conditions techniques a fait apparaître des indicateurs en berne et un pessimisme généralisé. Nous avons vu cette configuration extrême comme un signal de retour sur le marché et nous avons commencé à réinvestir.

À entendre les banques centrales à travers le monde, nous considérons toutefois que leur approche anti-inflation limite le potentiel de hausse des actifs risqués. Contrairement à l’épisode d’inflation élevée des années 1970, la Réserve fédérale a clairement indiqué que seuls des signes tangibles d’un retour de l’inflation à son niveau cible l’amèneront à interrompre sa politique restrictive. Le taux des Fed Funds devrait atteindre 5-5,25 % au printemps prochain.

En outre, une croissance économique inférieure au potentiel et une inflation toujours élevée laissent entrevoir des révisions à la baisse des prévisions de bénéfices, ce qui constitue un obstacle pour les marchés actions dans leur ensemble. Dans ce contexte, nous privilégions les valeurs défensives et de qualité des secteurs de la santé et de la consommation de base.

D’un autre côté, l’apaisement progressif des pressions inflationnistes et le redressement économique qui devrait faire suite à un atterrissage bien absorbé devraient limiter la baisse des actifs risqués. D’un point de vue technique, nous pensons que les niveaux supports observés en octobre devraient tenir, à moins que des tensions financières ou une erreur de politique monétaire n’aient un effet de contagion sur les marchés.

Une lecture prudente et humble des enseignements tirés ces dix dernières années devrait nous rappeler que les stratégies de couverture permettent d’atténuer l’impact de chocs majeurs et inattendus sur la performance des portefeuilles. Nous sommes convaincus que les stratégies d’investissement alternatives et l’or continueront à jouer leur rôle. L’instabilité des corrélations et le niveau toujours élevé des anticipations de volatilité sur les classes d’actifs nous conduisent à rechercher la diversification qu’offrent les CTA de suivi de tendance, qui ont déjà bénéficié de cet environnement l’an dernier. Parmi les stratégies d’investissement alternatives, les stratégies Equity Market Neutral et Credit Long/Short devraient également tirer parti de la forte dispersion. Au-delà de l’or, l’histoire récente nous enseigne également que cela fait sens de garder une exposition au secteur des matières premières pour accroître la diversification et renforcer la résilience des portefeuilles.

Continuer à investir en vue d’une nouvelle ère, en mettant l’accent sur la transition énergétique

La crise énergétique européenne que nous connaissons cette année soulève une question essentielle : la transition énergétique désormais engagée sera-t-elle ralentie ou accélérée par la réduction des livraisons de gaz russe ? La canicule et la sécheresse observées cet été en Europe n’ont fait qu’aggraver la crise énergétique, le niveau des eaux fluviales ayant considérablement baissé. La production d’énergie hydroélectrique en Espagne et en Italie, le refroidissement des centrales nucléaires françaises et le transport du charbon en Allemagne sont devenus plus compliqués, alors que le conflit énergétique entre l’Europe et la Russie s’est intensifié. Nous pensons que la crise actuelle jouera un formidable rôle d’accélérateur pour la transition énergétique et les thèmes d’investissement connexes. En tant qu’investisseurs responsables, nous avons le devoir de faciliter et d’accélérer cette transition. Il est essentiel que nous restions fidèles à nos convictions en matière de durabilité, et ce, particulièrement dans un monde toujours plus incertain. Nous restons persuadés que la durabilité est et restera un moteur clé de la performance des placements - aujourd’hui, demain et à l’avenir.

Suite à la baisse des marchés en 2022, les valorisations des actions sont désormais plus attractives. Plus précisément, le PER des investissements liés au climat a perdu plus de 10 points au total depuis le début de l’année, passant de 31x à 20,5x. Leurs valorisations retrouvent des niveaux attractifs. Et, aux niveaux actuels, nous considérons que dans certains cas la valorisation ne prend pas en compte la croissance future mais uniquement le résultat d’exploitation du parc existant. La sensibilité à la hausse des taux d’intérêt a diminué et offre aux investisseurs un meilleur point d’entrée. La gestion active sera déterminante pour sélectionner les entreprises dont les modèles économiques auront un impact positif sur le monde de demain.

Que vous soyez dynamique comme Glass Marcano, passionné comme Gustavo Dudamel, ou encore plus sensuel à l’instar de Carlo Maria Giulini, l’important pour les bons investisseurs sera de bien comprendre les diverses appogiatures et ponctuations que la partition 2023 nous réservera, et de faire jouer les classes d’actifs en harmonie au bon moment, cette fois-ci en do majeur espérons-le.

C’est sur cette note pleine d’espoir que je vous souhaite une excellente année 2023.

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